#5 2020 est sur le point de plier bagage… et il était temps ! Une année particulière qui a laissé place à des initiatives et des nouveautés tout aussi particulières. Au cours de cette semaine, les 5 membres de la rédaction partageront l’idée, le concept ou l’innovation qui les a le plus marqué. Aujourd’hui c’est Christophe Sancy qui s’attèle à la tâche.

Petite rétrospective de l'année en forme de dialogue imaginaire, entre le commerce qui pleure et le commerce qui rit, accoudés au comptoir du café du commerce. Masqués, bien entendu. En revanche, Gondola écoute la conversation...

–  Alors, comment ça s'est passé, cette année 2020 ?

–  M'en parle pas. Je suis encore sous le choc.

–  Comment ça ?

–  Tu regardes parfois la télé ? Tu écoutes la radio ? Tu lis Gondola, de temps en temps ?

–  Oui, bien sûr, et alors ?

–  Alors tu devrais le savoir, que pour nous, les commerçants non-alimentaires, cette année fut maudite. On a commencé à tousser dès le 18 mars, avec la fermeture, suite au 1er confinement...

–  Il était nécessaire, non ?

–  J'ai pas dit le contraire. Tu sais, on n'est pas des inconscients, on a le sens des responsabilités. Et des inconscients, il y en a toujours, dans la population, même minoritaires... C'est même ça qui complique parfois les choses, la difficulté de pouvoir compter sur l'autodiscipline de tous... Mais chez vous, ça s'est très bien passé, au contraire, pas vrai ?

–  Oh, tu sais, on n'en menait pas large, non plus. Tout le monde a été impacté. Même si c'est vrai que nous, les supermarchés, on est restés largement asymptomatiques. La seule fièvre qu'on a connue, c'est celle des achats de panique. Et puis c'est vrai qu'on est un peu embarrassés de voir nos chiffres d'affaires s'envoler, les uns et les autres, quand les recettes des autres sont à marée basse. On a cru que ce serait passager. Mais les ventes se maintiennent à des niveaux record. Que veux-tu ? L'Horeca est en berne, les gens sont à la maison, ils y cuisinent. Ils se replient sur les petits plaisirs qu'il leur reste. Et ils ont même perdu la possibilité ou l'habitude d'aller chercher de quoi les satisfaire à l'étranger...

–  Bref, c'est pas la crise pour tout le monde !

–  Attention, on a eu des frais exceptionnels aussi, à la hauteur du défi que ce fut de satisfaire la demande. Il a fallu mettre en place des mesures de sécurité, répondre aux attentes ou exigences des partenaires sociaux...

–  Un problème de luxe, tu ne trouves pas ? Moi, j'aurais bien aimé que mes rayons soient vidés, plutôt que mes parkings. Il a fallu attendre le 11 mai pour rouvrir nos portes, et en ordre dispersé. Et puis rebelote entre la Toussaint et le début décembre. C'est parfois dur à avaler, d'apprendre que tu n'es pas essentiel. Ou alors un peu moins que ton voisin.

–  Mais vous avez pu vous refaire, depuis lors ? Vous avez été solidaires ?

–  Oh, tu sais, toujours la même histoire. La même méfiance entre les petits et les gros. Prends les soldes, par exemple. Ce fut tout un débat. Et au final, une déception...

–  On vous a filé un coup de main, de temps en temps, pas vrai ? On vous a fait une petite place dans nos rayons, pas vrai ? Parfois à charge de revanche.

–  Intéressant comme idée. Finalement, on est plutôt complémentaires. Celui qui nous fait peur à tous, c'est...

–  Le Covid-19 ?

–  Oui, bien sûr. Mais il y a l'autre aussi, tu sais bien de qui je veux parler. Celui qui n'a pas de magasin ni de visage, mais qui commence par un "e"  et finit souvent par un ".com". Pour lui, les affaires ont été bonnes, cette année. Qu'est-ce qu'elles ont roulé, les camionnettes... T'en as peur, toi, de ces gens-là ?

–  Oui et non. C'est pas demain la veille qu'on cessera de venir dans nos rayons. Et puis on a de quoi répondre, déjà, on a les joueurs qu'il faut dans l'équipe. Même si ça a parfois trop bien marché, dans certains cas, les jambes ne suivaient plus. Va falloir se muscler. Et puis y'a pas que ceux-là. Il y en a d'autres à qui ça profite, tout ça. Et on aime pas trop les voir mordre sur notre terrain, même marginalement. Alors nous aussi, on se fait agiles et mobiles, on met l'inspiration au menu du client.

–  Je dois dire que vous avez drôlement bien géré votre boutique, dans l'alimentaire. Chapeau !

–  Et vous, je vous ai trouvé courageux, dans le non-alimentaire...

–  On n'a pas eu le choix. En particulier quand il y a eu la rechute de novembre.

–  Un choc ?

–  Un choc, oui, sans parler de celui évoqué par le Ministre. Il l'a bien dit, le Ministre. Que c'était pas vraiment nous le problème. Que le but, c'était de créer un choc.

–  Et alors ?

–  On s'en doutait un peu, mais ça nous a malgré tout fait un autre choc, de l'apprendre, dit comme ça...

–  Mais là, tout va bien, non ? T'es convalescent, t'as rouvert tes portes.

–  C'est déjà ça, oui. Vaut mieux ça que d'être coiffeur et d'avoir la boule à zéro. N'empêche que certains d'entre nous doivent se battre, et que d'autres les ont fermées pour de bon, leurs portes...

–  En effet. Mais le Covid n'explique pas tout. Pour certains, ce fut le coup de grâce...

–  Et pour d'autres, la malchance de ne pas être tombé sur le bon thérapeute...

–  Et puis tu te prépares aux soldes, je suppose ? Ça s'annonce comment ?

–  Oh, tu sais, toujours la même histoire... On n'a pas fini d'en parler...

–  Bon, on va pas prendre tout au tragique non plus. Déjà on échange...

–  T'as raison. On se voit encore, on reste en contact, ici au bar, ou au Gondola Day, ou à la Gala Night de Gondola Society. Digitalisés ou pas, il y avait plein de monde à ces événements, et ça fait chaud au coeur...

–  Et puis le vaccin arrive. Ca devrait nous rassurer, même s'il faudra encore beaucoup de patience et de prudence. La seringue, on ne la craint pas. Mais on a tous un peu peur de la pilule, la pilule économique. Qu'elle soit dure à avaler. Qu'il y ait des effets secondaires, et à long terme, sur le pouvoir d'achat...

–  Que veux-tu, il n'y a pas de miracles...

–  Tu sais ce qu'on dit, dans ces cas-là ?

–  Non ?

–  Que tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort...

–  Alors, on aura vraiment été vaccinés. Un remède de cheval...

–  Allez, je te laisse, Je dois remplir les rayons. Avec l'Horeca fermé, les gens vont réveillonner dans leur bulle, et en petit comité, mais c'est moi le fournisseur agréé de leur cour...

–  J'ai des cadeaux à emballer, moi aussi. Allez, bon travail !

–  Bonne année 2021 ! Et puis surtout bonne santé...

–  A ta santé, toi aussi. Et à la vôtre à tous !

Bataille des plats à emporter

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