Dans la prochaine édition du Gondola Magazine, nous verrons à quel point nos supermarchés sont locaux et quelle stratégie ils adoptent en matière de produits locaux. En attendant, nous avons réalisé un entretien avec Antoine Lebrun, CEO de WWF Belgique sur le sujet.

Les produits locaux sont plus importants que jamais pour les consommateurs, un constat qui a plu à Antoine Lebrun, CEO de WWF Belgique. « L'achat de produits locaux signifie moins d'impact sur la planète et moins de déforestation partout dans le monde. Je pense que nous investissons encore trop peu dans la production locale. Une grande partie de l'agriculture est encore pratiquée pour la production de bioénergie, entre autres. Nous devons accorder plus d'attention à la création de valeur ajoutée pour les chaînes courtes. Nous avons des produits locaux directs, comme les légumes, ainsi que des produits locaux indirects, comme le pain, qui ici est fabriqué avec du blé, mais moulu ailleurs parce que nous n'avons plus de moulins pour le transformer. La bonne nouvelle est que la demande augmente. Des chaînes telles que Färm et Barn se développent, tandis que de nouveaux magasins sont également ajoutés. Il ne s'agit pas encore d'énormes volumes, mais la tendance se dessine clairement. Les grands supermarchés s'intéressent également de plus en plus aux produits locaux et nationaux. »

Les supermarchés doivent-ils promouvoir les produits locaux ?

Les supermarchés sont libres de se profiler comme ils le souhaitent, mais je pense qu'ils ont une responsabilité en matière de droits sociaux ou d'impact sur l'environnement. Si la viande est vendue à des prix très bas, vous devez tenir compte du fait que cela se produit à un prix qui doit être payé ailleurs. Je pense que les supermarchés n'ont pas d'autre choix que de suivre, car c’est ce que les consommateurs attendent. 

Quel rôle le gouvernement doit-il jouer ?

Il y a des décisions illogiques dans la politique qui sont prises aux dépens des petits producteurs locaux. L'un des problèmes est que ceux qui travaillent sur une plus grande superficie agricole reçoivent également plus de subventions. C’est un avantage en faveur des grandes entreprises agricoles et non des producteurs locaux. Je n'ai rien contre le fait que les gens mangent de la mozzarella ou de l'ananas, mais une plus grande attention à la production locale n'est pas non plus en contradiction avec cette idée-là. Je pense qu'il y a trop peu d'instruments pour stimuler la production locale et que la législation doit changer. Quand on voit à quel point un billet d'avion est peu coûteux alors que l'impact environnemental est grand, on se rend compte que ce n'est pas durable. 

Le local n'est-il pas souvent plus cher ?

C'est une idée dominante, mais je ne suis pas certain que ce soit vrai. Je pense que c'est principalement dû à la perception. Si vous regardez le coût total de production, y compris l'impact sur l'environnement ainsi que les coûts indirects, le local n'est pas du tout plus cher. Je pense qu'il est important que cela soit clair pour les gens.

Où faites-vous vos achats ?

Dans les commerces de proximité et sur les marchés où j'achète principalement les fruits et légumes locaux de saison. Cela s'ajoute aux achats de base que je fais en ligne toutes les six semaines. Vous voyez que les choses changent. Les gens vont moins dans les grands magasins pour des raisons de commodité et de mobilité, mais aussi parce que les commerces de proximité ont retrouvé un nouveau souffle et sont devenus plus attractifs. Ce n'est pas seulement à cause du Covid, l'évolution était déjà perceptible avant.

Gondola Magazine

Dans notre édition d’octobre du Gondola Magazine, nous aborderons la question de la production et la consommation locales. Vous souhaitez en apprendre davantage ?

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