Sainsbury teste actuellement le concept du slow shopping en vue de répondre aux besoins des personnes âgées ou souffrant d’un handicap.

Le personnel du supermarché de Gosforth (Newcastle) se met à la disposition de ses clients un après-midi par semaine (tous les mardis de 13 à 15h)  en vue de les accompagner dans leur shopping. Des chaises sont en outre installées en fin de rayon en vue de permettre aux personnes le nécessitant de se reposer. Deux help desks ont également été installés pour offrir des échantillons des produits préférés des consommateurs. 

L’idée viendrait de Katherine Vero, consommatrice habitant Newcastle dont la mère souffrait de démence. Après le décès de sa mère, Katerine Vero a développé l’idée du slow shopping, qui a séduit le retailer Sainsbury et l’a aidé dans son projet. Si Scott McMahon, deputy manager de Sainsbury Gosforth, a voulu tenter l’aventure, c’est notamment parce qu’il connait bien les difficultés rencontrées par certaines personnes lors de leur shopping, son père ayant développé un cancer et éprouvant lui-même des difficultés. L’an dernier, Sainsbury a investi 50.000 heures de formations visant à expliquer au personnel comment aider les personnes souffrant d’un handicap visible ou invisible.

Selon une étude publiée par l’Alzeimer’s Society, faire ses courses figure dans les activités favorites de 80% des 850.000 personnes souffrant de démence au Royaume-Uni. Mais une fois le diagnostic posé, un quart de ceux-ci abandonnent le shopping.

Le commentaire de Pierre-Alexandre Billiet, CEO Gondola

Où s'arrête le service, où commence la responsabilité sociale? L'inéluctable évolution de la courbe démographique nous promet d'avoir une population âgée proportionnellement plus importante, compte tenu de la taille de la génération des baby boomers. Un enjeu dont le retail est bien conscient depuis des années. Ce groupe de consommateurs est intéressant: ce sont des consommateurs souvent hédonistes, et ils disposent d'un pouvoir d'achat relativement plus favorable que les générations qui les précèdent et les suivent. Leur espérance de vie s'est rallongée. Mais ce n'est malheureusement pas une garantie de qualité de vie: vivre plus vieux accroît aussi les risques d'être atteint par des maladies dégénératives. L'initiative locale de ce Sainsburry est à applaudir, pour ce qu'elle révèle d'altruisme et responsabilité sociale. Préfigure-t-elle pour autant de futurs services à apparaître en point de vente? On peut certes imaginer que cette clientèle soit encouragée à visiter le point de vente à des périodes et horaires, comme le mardi par ex., où le trafic est moindre, et où le personnel serait plus disponible et préparer à l'accueillir. Et certaines des réponses concrètes mises en place dans ce magasin sont intéressantes. Mais il ne faut pas non plus se bercer d'illusions: le retail ne pourra apporter qu'une contribution assez modeste au confort de ces clients fragilisés. Le défi que pose le vieillissement de la population se concrétisera à bien des niveaux, et les modalités et financements de la prise en charge, même partielle, forment une inconnue.