Le groupe français Carrefour a été contacté par son concurrent canadien Couche-Tard en vue d'un "rapprochement". Les pourparlers en sont encore à la phase exploratoire.

Le groupe canadien de supermarchés Couche-Tard a contacté Carrefour pour une éventuelle reprise. Les deux sociétés l'ont annoncé dans un communiqué de presse séparé. Les discussions en sont encore à leurs débuts", déclare-t-on du côté de Carrefour, qui décrit la démarche de Couche-Tard comme "amicale". "Les termes de la transaction sont encore en cours de négociation", souligne le groupe canadien, qui souhaite parvenir à une reprise à l'amiable. Si un accord devait être conclu entre les deux sociétés, qui pourrait représenter une valeur totale de plus de 50 milliards de dollars, le groupe canadien serait mieux implanté en Europe et en Amérique latine.

La nouvelle du rapprochement entre les deux parties a été divulguée via un rapport de l'agence de presse Bloomberg. Si une fusion entre les deux entreprises devait avoir lieu, elle représenterait un énorme changement pour le secteur du food-retail. Il est encore beaucoup trop tôt pour estimer les conséquences pratiques d'une éventuelle prise de contrôle. Couche-Tard est un petit acteur à l'échelle mondiale. Carrefour dispose d'un réseau de plus de 12.000 magasins dans plus de 30 pays et emploie plus de 320.000 personnes. Couche-Tard possède un réseau de plus de 9.200 magasins en Amérique du Nord sous diverses marques, dont Circle K.

Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola, analyse ce probable rapprochement comme une opération potentiellement intéressante. "Avec un cours de bourse stagnant depuis près de 10 ans, le groupe Carrefour n'excite plus les actionnaires institutionnels", explique-t-il. "Contrairement à son plus grand rival et référence, Walmart, le plan de restructuration du CEO Alexandre bompard n'a pas atteint le but escompté envers les actionnaires. Il faut savoir que  valorisations boursières dans le retail comptent sur une intégration du digital : Ahold a racheté en 2012 bol.com jadis et surtout Peapod, qui développe un énorme programme de livraison à domicile aux USA. L'enseigne Walmart a quant à elle reprise plusieurs pure players (ea JD.com) et développé sa stratégie digitale. Carrefour n'offre pas ceci à ses actionnaires, ni à court ou long terme. Un exit sera donc bien intéressant pour les actionnaires, mais ne répond pas à une développement de fond du plan stratégique du groupe Carrefour: développer rapidement et profondément son plan e-commerce."