Le groupe FNG, qui possède les magasins Brantano, CKS, Miss Etam et Fred & Ginger, n’est pas en bonne santé, c’est le moins que l’on puisse écrire.

L’annonce récente d’une suppression potentielle de 287 emplois et de 47 magasins a évidemment mis le feu aux poudres et inquiète le personnel. La mauvaise santé du groupe FNG n'est toutefois pas récente. Le groupe croule en effet sur les dettes. Pour être plus précis, “les pertes s’échelonnent à 292 millions d’euros pour une dette de 734 millions d’euros”, soulignait aujourd'hui L’Echo. En avril dernier, le groupe avait déjà sollicité un report des résultats annuels. Ce signe est annonciateur d'une mauvaise nouvelle, lorsqu’on sait que les résultats annuels prouvent la bonne santé - ou non - d'une entreprise. Il y eut également le très récent départ de Dieter Penninkcx "pour raisons de santé". Les syndicats ont surtout pointé la personnalité pour le moins mégalomane de Dieter Penninckx : “le patron qui part un mois avant d’annonce un licenciement, ce sont les rats qui quittent le navire.” Yves Pollé, CEO en intérim du groupe FNG (il succède lui-même à Manu Bracke, CEO en interim durant un mois), se montre, semble-t-il, fort discret quant aux discussions et négociations pour l'avenir des magasins et des employés. Le groupe emploie à l'heure actuelle plus de 3.000 salariés en Belgique, aux Pays-Bas et en Scandinavie.

Pour 2020, le CEO Dieter Penninckx avait annoncé l'ouverture de 20 Brantano

Mais qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres ? En juillet 2019, FNG avait surtout racheté Ellos, sorte de Zalando scandinave. Le groupe avait, pour ce rachat, levé 140 millions d’euros via un placement privé d’obligations (coût du rachat : 229 millions d’euros). Le groupe a mené une politique d’expansion complètement dévastratrice. Objectif: se doter des capitaux permettant d'investir dans le développement des enseignes existantes (en particulier Brantano) et de soutenir la stratégie de croissance par acquisition. En 2017, FNG revient à un équilibre financier, ce qui pousse le CEO Dieter Penninckx a annoncer, pour 2020, "l'ouverture de 50 nouveaux magasins Brantano". La suite est désormais connue : dix Brantano seront ouverts et FNG s'apprête à en fermer une trentaine. Il est clair que la crise du coronavirus n’a rien arrangé aux comptes. Pire, la crise a fait chuter un colosse du retail belgo-néerlandais. "C'est l'exemple d'une entreprise capitaliste, qui grandit de manière disproportionnée en réalisant des acquisitions grâce à l'endettement", déclare Myriam Djegham, secrétaire permanente CNE. "Tant que ce système fonctionne, les actionnaires sont rétribués. Quand le projet gargantuesque ne fonctionne plus, ce sont les travailleurs qui paient les risques pris, alors qu'ils ne sont pas responsables."