Depuis la réouverture des magasins, les consommateurs boudent de plus en plus les enseignes non-food. En outre, les Belges, surtout les jeunes, dépensent moins qu'avant la crise. C'est ce que montre une enquête de grande envergure menée par la Banque nationale de Belgique en collaboration avec le Microsoft Innovation Center dans la semaine précédant le 21 juillet 2020.

Entre le 14 et le 21 juillet 2020, c'est-à-dire avant la recrudescence du nombre d'infections et des mesures plus strictes, la Banque nationale a interrogé plus de 3.000 Belges autour de leurs habitudes de consommation. Cela montre que, depuis la réouverture progressive des magasins, les magasins non alimentaires ont été moins populaires qu'avant le lockdown. 68% des personnes interrogées ont indiqué qu'elles se rendent moins dans les magasins et 20% disent qu'ils n'y vont même pas du tout. Cela concerne principalement les plus de 65 ans. En d'autres termes, la majorité des Belges ont adapté leur comportement de consommation à la suite de la crise.

Près d'une personne sur deux consomme moins qu'avant la crise

Autre constat frappant dévoilé dans le communiqué : près de la moitié des Belges consomment moins qu'avant le confinement et seulement un Belge sur trois dépense plus. Ce sont surtout les jeunes qui ont réduit leur consommation alors que les personnes âgées, qui se rendent moins souvent au magasin, dépensent plus.  "La diminution des dépenses de consommation semble être principalement liée aux mesures sanitaires et aux craintes de l'épidémie", souligne la Banque nationale. 

Les loisirs (cinéma, théâtre, etc.), la restauration et l'habillement sont des catégories pour lesquelles plus de la moitié des répondants dépensent moins. Il s'agit de tous les segments qui ont été le plus durement touchés par les fermetures obligatoires de magasins. Les dépenses pour les services à la personne (coiffeur, salon de beauté...) et les activités sportives sont suivies de près. Le secteur de l'alimentaire, en revanche, se porte bien : la majorité y consacre davantage de moyens. "Cela peut être dû au fait que de nombreuses personnes télétravaillent davantage (et, entre autres, n'ont plus accès au restaurant d'entreprise lorsqu'il est disponible) mais peut également refléter, en partie, une augmentation des prix des denrées alimentaires", explique la Banque nationale. Cette dernière concerne l'interdiction temporaire des promotions.

Selon l'enquête, près d'un consommateur sur deux dépense moins pour trois raisons. Premièrement, l'interdiction de certaines activités ou l'accès limité à l'industrie hôtelière et de la restauration ou aux cinémas ne permet pas aux Belges de dépenser. De plus, les consommateurs ont peur d'être infectés et les mesures de sécurité dans les magasins (masques, restrictions du nombre de personnes, éloignement social, etc.) dissuadent les Belges. La perte de pouvoir d'achat joue également un rôle, mais dans une moindre mesure. "Cela peut indiquer que des mesures générales de soutien des revenus des particuliers ne seraient pas pleinement efficaces pour soutenir la consommation familiale", explique la Banque nationale. 

"Le développement du commerce électronique constitue un défi pour l'économie belge"

Près de 9 consommateurs sur 10 ont changé leurs habitudes de consommation durant le confinement. Par exemple, près de 50 % de plus des acheteurs font leurs achats en ligne et un tiers de plus achètent localement. C'est frappant : plus des trois quarts des personnes interrogées indiquent qu'elles continueront à l'avenir à adopter ces nouvelles habitudes de consommation. "L'utilisation accrue du commerce électronique constitue un défi évident pour l'économie belge car ces achats proviennent actuellement principalement de l'étranger", souligne la Banque nationale de Belgique.

Ces nouvelles habitudes de consommation, tout comme la réduction des dépenses, devraient encore durer un certain temps. Seuls 40 % des répondants souhaitent dépenser davantage dans les semaines à venir pour les restaurants et, dans une moindre mesure, pour les cinémas, les théâtres, les cafés et les discothèques. Notons toutefois que l'enquête a été réalisée la semaine précédant le 21 juillet : les réponses ne tiennent pas encore compte de la récente recrudescence des infections et des mesures plus strictes introduites par le Conseil de sécurité nationale. "Les résultats de l'enquête suggèrent que ces deux éléments vont encore ralentir la reprise de la consommation des ménages", conclut la Banque nationale.