Le coronavirus complique énormément de choses, notamment le leadership. André de Wit, expert en leadership et conférencier aux Gondola Days 2020 déclare : « Il faut avoir certaines compétences pour être un bon leader dans la pratique. »

André de Wit est désormais soulagé. De retour aux Pays-Bas de ses vacances en Espagne, il a dû passer près de quatorze jours en quarantaine. « Heureusement, je suis revenu juste à temps, avant que la mesure du gouvernement néerlandais n'entre en vigueur », explique-t-il. « Cela avait compliqué beaucoup de choses, mais pas besoin de s’en inquiéter actuellement. » André de Wit travaille comme conférencier spécialiste de la motivation et du leadership à la Leadership Academy d'Amsterdam, une société de consultance aux grandes et petites entreprises.

Les leaders doivent être capables de diriger et de motiver à distance pendant cette crise. Ce n’est pas chose facile.

Non, en effet. Cette évolution existait un peu avant le début de la crise du coronavirus, mais bien sûr, elle a désormais pris une ampleur supplémentaire. Elle requiert des compétences très spécifiques. Vous devez être capable de communiquer et de diriger à distance. Il est important que vous communiquiez régulièrement et clairement. C'est en tout cas la base du leadership. Dans les circonstances actuelles, c’est cependant une tâche différente de d’habitude. Dans des circonstances normales, vous pouvez parler à une équipe toutes les trois semaines. Désormais, il est important de le faire chaque semaine. Vous avez moins d'interaction sur le lieu de travail, vous devez donc maintenir ces moments plus formels. Vous devez également mettre en place une division du travail qui soit claire. Il faut être beaucoup plus strict que d'habitude, afin d'éviter que le travail ne soit pas fait ou qu’il soit fait deux fois. Le coronavirus revient donc sur une évolution qui était en cours : celle d’une description de poste beaucoup moins stricte.

Les dirigeants doivent accorder leur confiance. Comment réussir ça à distance ?

Je pense que c'est le plus difficile. Ce n'est pas facile d'encourager virtuellement votre équipe et de lui accorder votre confiance. Vous devez également apporter un soutien émotionnel. Les gens restent à la maison, ils doivent s'occuper eux-mêmes des enfants… C’est une situation qui n’est pas facile à gérer. Vous devez examiner leur état émotionnel et réfléchir à comment vous pouvez les aider à faire face à la situation. Ce n'est pas facile, parce que c'est fait à distance : il est beaucoup plus difficile d'évaluer comment quelqu'un se sent émotionnellement. Il faut donc être capable de très bien capter les signaux.

Certains commerces sont aujourd'hui en difficulté. Cela change-t-il le rôle d'un dirigeant ?

Oui, bien sûr. Vous devez rester en contact étroit avec vos employés. Ils vivent dans l'incertitude et se posent de nombreuses questions. Mon employeur va-t-il s'en sortir, puis-je garder mon emploi ? Dans la mesure du possible, en tant que directeur, vous devez leur dire où en est l'entreprise et quels sont les plans. Il faut rassurer et être honnête. Il ne faut surtout pas penser : « Je n'ai rien à dire, alors ne me laissez rien entendre non plus. » Vous devez rester en contact et donner des informations régulièrement. Nous voyons des clients qui gèrent très bien cela : le CEO de Carlsberg, par exemple, a un appel vidéo avec ses employés chaque semaine. D'autres attendent surtout que tout redevienne normal, en espérant que les choses n’iront pas trop vite. Ce n'est pas la bonne chose à faire. Pendant mes vacances en Espagne, j'ai gardé les yeux ouverts. À Madrid, j'ai vu la crise dans les magasins de vêtements. Les pièces étaient vendues dans de grands magasins pour entre 3 et 10 euros. C’est là que vous vous rendez compte que quelque chose se passe.

Gondola Days 2020

André de Wit est l'un des intervenants des Gondola Days. Vous n'avez pas encore votre ticket ? Inscrivez-vous rapidement !

Cliquez ici !
Gondola Days 2020