Aucune des deux enseignes ne disparaîtra du paysage belge 

L’accord a été scellé deux mois à peine après l’entame des négociations. Parce qu’elles se sont déroulées dans un excellent esprit et que les deux partenaires sont complémentaires. Des solutions devraient être trouvées là où certains chevauchements existent, notamment en Belgique.

Lors de la conférence de presse annonçant la fusion, les représentants des deux parties n’ont eu de cesse d’insister sur leur formidable complémentarité. La croissance des deux groupes présente d’ailleurs beaucoup de points communs : une épicerie familiale qui se mue petit à petit en groupe national, groupe qui s’attaque ensuite aux marchés étrangers, le sud et l’est de l’Europe, avant de franchir l’Atlantique. « Il s’agit d’un mariage stratégique assez rare » explique Frans Muller, actuel CEO du Groupe Delhaize. « Nous sommes l’un et l’autre particulièrement axés sur le frais, nous possédons des private labels et des marques locales fortes dans lesquelles le consommateur se reconnaît. En outre, nous sommes confrontés aux mêmes défis. » Les négociations n’ont donc pas traîné, comme si elles coulaient de source. « Elles se sont déroulées dans un esprit constructif et, dès le début, on a senti de part et d’autre la volonté de les mener à bien » commente Jan Hommen, Président de RvC Ahold. L’ensemble de l’opération devrait être finalisé pour juin 2016.

Apprendre l’un de l’autre

Si les deux retailers s’estiment complémentaires, ils jugent également avoir beaucoup à apprendre l’un de l’autre. A cet égard, Frans Muller souligne l’expérience ‘online’ d’Ahold avec met Bol.com et ah.nl et l’efficacité des applications digitales de Delhaize. Il ajoute cependant que sur les plans du frais et de l’expérience en magasin, les Néerlandais ont beaucoup à apprendre des Belges. Enfin, il note que les régions dans lesquelles les deux groupes exercent leurs activités se complètent elles aussi très bien.  

Les deux enseignes subsisteront en Belgique

En dépit de leur belle complémentarité régionale, il existe certains chevauchements. En effet, voilà plusieurs années qu’Albert Heijn concurrence Delhaize sur le sol belge. Une situation qui devrait perdurer puisque les deux enseignes continueront de cohabiter en Belgique. Lors de la conférence de presse, Frans Muller a rappelé toute l’importance de marques locales fortes et insisté sur le fait que Delhaize resterait une marque forte du marché belge. « Nous croyons à l’avenir de Delhaize en Belgique. Nous entendons bien conserver un portefeuille particulièrement riche. » Même son de cloche chez Dick Boer : « Nous aimons nos marques locales. » Albert Heijn ne disparaîtra pas du marché belge, du moins pas dans l’immédiat. « Il est trop tôt pour dire ce qu’il en adviendra » affirme Dick Boer, actuel CEO d’Ahold et futur CEO d’Ahold Delhaize. Il souligne que des problèmes de chevauchement existent hors Benelux. « Nous travaillerons à les résoudre dans les prochains mois. »

N°1 européen 

Après fusion, le chiffre d’affaires de la nouvelle entité atteindra 54,1 milliards d’euros, ce qui la placera au premier rang européen et au troisième rang mondial, derrière Walmart et Kroger. Mais « ce n’est pas un but en soi » si l’on en croit Mats  Jansson, Chairman du Groupe Delhaize. « L’objectif est de disposer de davantage de moyens pour pouvoir continuer à investir. » Ce qu’Ahold Delhaize compte faire tant sur le plan des prix que sur celui de l’innovation. 

500 millions d’économies

La fusion permettra à Ahold Delhaize d’économiser, sur les trois années à venir, 500 millions d’euros sur les frais de back office et d’IT. Pour réaliser ces synergies, il a d’ores et déjà été décidé d’investir 350 millions d’euros d’un coup. A l’heure actuelle, il n’est pas question de suppressions d’emploi. La direction a assuré aux syndicats qu’elle s’en tiendrait aux termes du Plan du Transformation. Dick Boer et Frans Muller ont d’ailleurs fait valoir que l’entité fusionnée offrira de nouvelles opportunités au personnel déjà en place. 

Rachat ou fusion ?

Le siège de la nouvelle entreprise sera établi aux Pays-Bas et le quartier général européen à Bruxelles. Il s’agit de conserver un équilibre entre les deux partenaires, comme en témoigne par ailleurs la composition du conseil d’administration. Il est cependant clair qu’une partie a plus de poids que l’autre. Pour s’en convaincre, il suffit de voir où le nouveau siège sera établi, qui est le nouveau CEO et l’importance d’Ahold (61%) au sein du groupe. A la question de savoir si l’on peut parler de rachat, les responsables clament à l’unisson qu’il s’agit bien d’une fusion.