Le Colruyt Group a mieux performé que prévu au cours du premier semestre de son exercice 2020/21: le chiffre d'affaires a crû en approchant la barre des 5 milliards d'euros, et le bénéfice s'envole aussi de belle façon. Revers de la médaille à ces bons résultats: le groupe perd, pour la première fois depuis très longtemps, des parts de marché.  

La crise du coronavirus n'a pas fait souffrir le Colruyt Group, au contraire. Au cours des 6 premiers mois de son exercice 2020/2021, son chiffre d'affaires a progressé de 5,7% pour friser les 5 milliards d'euros. C'est supérieur aux prévisions des analystes évoquées par Bloomberg. Cette croissance est surtout due aux supermarchés qui ont connu des volumes de ventes supérieurs en période Covid-19. Si Colruyt Meilleurs Prix enregistre une belle croissance en Belgique et au Luxembourg (+6,5%), ce sont surtout les supermarchés de proximité des indépendants de Spar Colruyt Group (+20%) et les formules à surface plus modeste (+18,4%) comme OKay, Bio-Planet et Cru qui tirent leur épingle du jeu. De nombreux consommateurs ont accordé la préférence en temps de crise à ces formats ou aux magasins bio. Les enseignes non-alimentaires du Colruyt Group ont comme prévu bien moins réussi, compte tenu des fermetures imposées à titre de mesures sanitaires: le chiffre d'affaires consolidé de Dreamland, Dreambaby et Fiets! baisse de 3,7%. Recul aussi pour les stations-services DATS 24, qui perdent 31% de chiffre d'affaires suite aux chutes de volumes et de prix des carburants en période de crise. Le groupe a en revanche pu enregistrer un important chiffre d'affaires sur ses sites de vente en ligne. Le taux de croissance n'est pas révélé, mais le succès est principalement dû au service d'enlèvement Collect&Go qui a tourné à plein régime au cours de la crise.

Le groupe enregistre aussi de jolis bénéfices. La marge d'entreprise brute progresse de 13,8% à 468 millions d'euros, et le bénéfice de 17,5% à 311 millions d'euros. Ceci est partiellement dû à l'interdiction temporaire des promotions et réductions en supermarchés. Les charges opérationnelles nettes ont bel et bien progressé de 17,9 à 18,7%, surtout en raison de la crise corona et d'autres investissements. Le groupe tire aussi profit d'une opération exceptionnelle, le transfert des activités dans l'énergie vers la holding Virya Energie, qui lui rapporte 31 millions d'euros.

La part de marché en recul

En dépit de de ces bons résultats dopés par la crise du coronavirus, le Colruyt Group doit subir un revers d'autre nature. Pour la première fois depuis une éternité, sa part de marché est en recul, passant de 32,5 à 31,7%. "Cette baisse est selon moi surtout due à la fermeture de l'Horeca, des magasins de nuit et des cantines de clubs sportifs et de loisirs," déclare Silvie Vanhout, expert en retail et managing partner de Gondola Academy. "Les night shop ont rouvert, mais leurs horaires sont comprimés et ils ne peuvent plus vendre d'alcool après 20 heures. Les cantines des clubs sont fermées, ce dont ces derniers se plaignent, puisqu'elles forment une part non négligeable de leurs revenus. Et ces clubs se fournissent souvent chez Colruyt." Cette baisse de part de marché n'a selon elle rien d'inquiétant. "Il s'agit selon moi d'un phénomène temporaire, qui se dissipera avec la réouverture de tous les réseaux."

Un résultat net au moins égal à celui de l'exercice précédent

Le Groupe s'attend à un bon résultat sur l'exercice 2020/2021 complet. Il confirme son pronostic préalable et s'attend à un résultat net consolidé au moins équivalent à celui de l'an passé, qui atteignit alors 380 millions d'euros. Il est toutefois difficile de prévoir quel impact la crise du Covid-19, toujours en cours, aura sur celui-ci.