Happy Hours market, une start-up lancée en février 2019 à Ixelles, prend en charge la gestion des invendus des supermarchés : récolte, vente à prix cassés et redistribution à des associations caritatives.

Ludovic Libert et Aurélien Marino sont les visages d’Happy Hours market. Tous deux ont décidé de lancer la start-up dans un souci écologique et altruiste. « Le concept se base sur deux problèmes. Le premier c’est celui du gaspillage alimentaire : en Belgique, toutes les 15 secondes, à peu près deux tonnes de nourriture sont mises à la poubelle, ce qui équivaut à environ 4.000 repas. On pourrait nourrir toute la commune de Linkebeek. L’autre constat c’est qu’un tiers de la population à Bruxelles vit sous le seuil de pauvreté », explique Aurélien Marino. Pour apporter une solution à ces deux problématiques, Happy Hours market s’occupe de récupérer l’intégralité des invendus des supermarchés, de revendre ces produits à moitié prix et pour finir de les redistribuer à différentes associations caritatives.

Une collaboration qui se fait pour le moment avec Grain Bakery, Bistrot Bocaux ainsi qu’avec les Carrefour market de Molière et de Boondael, dans la commune d’Ixelles. Si les magasins de proximité sont aussi visés, Ludovic Libert précise cependant que ce n’est pas une priorité : « Notre focus se porte vraiment sur les supermarchés où la plus grande part du gaspillage alimentaire a lieu. C’est dû au fait que les magasins ont des produits en permanence et donc, forcément, tous les jours il y a du gaspillage. »

Le concept est simple : après avoir débarrassé en fin de journée les enseignes de leurs invendus, les produits sont triés et mis en ligne à moitié prix sur le site de la start-up. Les consommateurs peuvent alors, dès 19h30 et comme sur n’importe quelle plateforme en ligne, effectuer leurs courses, valider leur panier et se rendre au point de retrait pour récupérer le tout. Généralement, le site enregistre une trentaine de commandes par soir. Après quoi, les restes sont redistribués à des associations caritatives.

Positions stratégiques

Le camion réfrigéré de la marque a déjà ses petites habitudes. Pour le moment, deux points de vente stratégiques : le campus du Solbosch à l’ULB (du lundi au mercredi) et à proximité de l’hôpital d’Ixelles (les jeudis et vendredis). « Nous avons remarqué que les gens qui viennent acheter leurs produits chez nous sont, d’une part, des personnes qui sont conscientisées par la problématique du gaspillage alimentaire. Le quartier du cimetière d’Ixelles est un endroit qui rassemble ce type de profil. L’autre client type sera quelqu’un de plus démuni. Il y a pas mal de logements sociaux près de l’hôpital d’Ixelles », raconte Ludovic Libert.

« Grâce à nous, les magasins deviennent zéro déchets »

En plus de l’impact sociétal et écologique, Happy Hours market se dit avantageux tant pour les supermarchés avec lequels il collabore que pour les associations qui bénéficient du reste de leurs invendus. « Les magasins avec lesquels nous travaillons sont très contents. Nous remarquons une diminution des invendus dans les magasins avec lesquels nous collaborons. De l’autre côté, les associations caritatives sont aussi très contentes puisqu’elles ont augmenté leur panel de distribution et le nombre de personnes bénéficiant des invendus. Elles sont aussi approvisionnées de manière bien plus importante qu’avant, même s'il y a ce côté vente. C'est ce qui permet au projet d'être viable », explique Aurélien Marino.

« Le gros avantage pour les magasins c’est que nous passons tous les jours à heures fixes pour récupérer l’intégralité de leurs invendus. Du jour au lendemain, ils deviennent zéro déchets. Ils ne doivent plus payer des sociétés privées pour traiter les déchets alimentaires. Ca leur fait d’énormes économies, mais aussi un gros gain de temps », ajoute Ludovic Libert. « Nous leur transmettons aussi un rapport concernant les invendus qu’on collecte pour que le magasin puisse diminuer le gaspillage à la source. Si, par exemple, nous récupérons 30 fois les mêmes tomates sur le mois, nous le communiquerons au magasin pour qu’il fasse des commandes de tomates en moins », conclut-il.

8 camions d'ici fin 2020

Une initiative qui rêve de voir son unique point de collecte se multiplier et prendre de l’ampleur dans la capitale. « Nous organisons une levée de fonds, l’idée étant de pouvoir nous étendre. D’ici fin 2020, nous devrions être accessibles un peu partout à Bruxelles. Nous avons un camion pour le moment et nous devrions en avoir 8 d’ici la fin de l’année prochaine. »