C’est indéniable : avec la crise du coronavirus, nos habitudes alimentaires sont chamboulées et notre façon de consommer se transforme. Dans la presse française, on parle d’un ‘effondrement de la consommation’ des produits frais et d’un ‘appauvrissement alimentaire’. Coup d’œil sur la situation en Belgique.

Tandis que chez nos voisins français, la crise du coronavirus semble avoir un impact considérable sur le frais (produits frais, boulangerie, fleurs…), et bien plus encore sur le comptoir de vente traditionnel, qu’en est-il de notre côté de la frontière ? Ce n’est un secret pour personne : les produits secs, destinés à constituer des stocks, comme les pâtes, le riz, les conserves ou encore les surgelés ont le vent en poupe (en témoignent les achats démesurés auxquels les supermarchés ont dû faire face ces dernières semaines). Mais les consommateurs ne se tournent pas uniquement vers les catégories de stock typiques, comme l’explique entre autres Nathalie Roisin, responsable presse chez Colruyt Group : « Le panier se constitue de produits de longue conservation, mais les clients achètent aussi beaucoup de produits frais. En fait, avec la fermeture des restaurants ou encore des cantines scolaires, on constate qu’ils prennent plus le temps de cuisiner des petits plats à la maison. »

La situation belge se différencie de celle de ses voisins français

Les produits traditionnels sont tellement sollicités que dans certaines catégories, les ventes ont même tendance à exploser. « Par rapport à la même période l’an dernier, les ventes de pain frais ont augmenté d’environ 20% », témoigne Nathalie Roisin. Elle ajoute que ce sont surtout certaines références pré-emballées ou précuites qui connaissent le plus grand succès (parfois x 2) en raison de leur période de conservation plus longue. Une tendance confirmée par Luc Bormans, président chez Aplsia (Association professionnelle du libre-service indépendant en alimentation) : « Les ventes du rayon boulangerie sont en forte hausse, parce que les restaurants ne sont plus ouverts et les gens sont beaucoup plus chez eux. Mais je pense que c’est fort variable en fonction de l’emplacement du magasin. »

Du côté de la viande, la tendance est identique chez Colruyt. « Nos boucheries connaissent une croissance à double chiffres. » Selon la responsable presse, c’est surtout dû au fait qu’avec leur propre entreprise de transformation de viande Fine Food Meat et leurs bouchers qui découpent le produit en magasins et peuvent ainsi s’adapter plus facilement à la demande.

Si un ralentissement se fait sentir au sein de Colruyt, c’est surtout du côté des fleurs et du traiteur. « La diminution des ventes de produits traiteurs traduit cette tendance à se remettre aux fourneaux », explique Nathalie Roison. « En outre, leur durée de conservation est souvent plus courte. » Même constatation du côté d’Aplsia en ce qui concerne les fleurs : « Elles se vendent beaucoup moins. Les gens sont concentrés sur autre chose, ils sont plus focalisés sur la nourriture que sur le loisir. »

« On ne peut pas nier que dans certains magasins, il y a quelques trous dans les rayons »

Au sein de certains magasins, le secteur des produits frais semble toute de même confronté à quelques difficultés, comme en témoigne Luc Bormans. « Je ne peux pas dire qu’il y a pénurie, mais il y a quand même de la marchandise qui manque du côté des produits frais. La situation fait que c’est plus compliqué : la marchandise arrive moins facilement à cause de la fermeture des frontières, il y a eu une forte demande qui a mis en difficulté les producteurs ainsi que les dépôts, tous les restaurants sont fermés... Tout ça fait qu’il y a une demande plus forte et l’offre n’arrive pas toujours à suivre cette augmentation. Les entreprises ont également du mal à produire : il y a plus de malades, plus d’absents. On ne peut pas nier que dans certains magasins, il y a quelques trous dans les rayons. C’est en effet surtout le cas pour le frais, où il manque parfois entre 15 et 20% de la marchandise. »

Une situation qui varie d’un cas à l’autre ? Selon Anicée Henin, responsable communication chez Mabru (Marché matinal de Bruxelles), la réponse à cette question est indéniablement ‘oui’. « La demande de produits frais est très variable en fonction des commerces et en fonction de leur clientèle. Certains vendeurs travaillent principalement avec des maraîchers ambulants qui sont actuellement à l’arrêt, tandis que d’autres travaillent surtout avec les épiciers et ont donc une forte demande de produits frais. La situation dépend vraiment d’un cas à l’autre. »