Avec la conférence sur le climat qui se tient jusqu’au 13 décembre à Madrid et les nombreuses marches organisées, nous ne pouvons plus ignorer la problématique climatique. La guerre contre le plastique est l'un des sujets les plus importants, selon le rapport « Food Retail on the move » de Gondola Academy. Explications.

Quand on aborde le thème de la durabilité, nombreux sont ceux qui pensent automatiquement à la lutte contre les déchets plastiques. Un problème auquel les retailers et les producteurs doivent faire face puisqu’en en effet de nombreux produits, y compris les fruits et légumes, sont toujours emballés dans du plastique. Néanmoins, de nouvelles initiatives visant une amélioration font leur apparition ces derniers temps. Les consommateurs, qui s'affirment de plus en plus, contribuent également au changement. C’est ce qui ressort de toute l'agitation qui s'est produite au début de cette année lorsque Delhaize a lancé sa campagne de fidélité concernant les fameux ‘blocs lego’ avec lesquels les clients pouvaient construire leur propre boutique Delhaize. La campagne a immédiatement suscité de nombreuses réactions de protestation sur les réseaux sociaux. La raison ? L'abondance inutile d'emballages en plastique. En effet, les blocs étaient emballés dans des sachets en plastique (1 par tranche d'achat de 20 euros), qui contenaient eux-mêmes encore un emballage supplémentaire. Du plastique superflu, selon les consommateurs.

Visiblement, se faire taper sur les doigts provoque les réactions nécessaires puisque suite à cette pression, orchestrée par les consommateurs sur les réseaux sociaux, Delhaize s’est excusé et a mis en place une collecte des déchets plastiques dans ses magasins, à titre de compensation. Une manière pour l’enseigne de s'engager davantage dans des projets durables. Une nouvelle preuve de la puissance qu'exercent les réseaux sociaux et de l'obligation qu'il y a désormais de passer à un mode de consommation plus durable. L’enseigne souhaite également, d’ici 2025, que 50% de ses emballages soient fabriqués en rPET et utiliser également davantage de matériaux réutilisables ou recyclables. Enfin, l'utilisation du plastique devrait également être réduite de 25% à la même date. Des objectifs ambitieux, mais qui montrent que Delhaize tient compte du message du consommateur. 

D'autres retailers, comme Colruyt et Carrefour, suivent le mouvement et ont décidé, entre autres, d'interdire complètement les sacs plastiques jetables pour les fruits et légumes. A terme, Carrefour veut même interdire tout plastique jetable. Pour enfoncer le clou, l’enseigne a lancé cette semaine sa nouvelle alternative recyclable : les « Ocean bags », des sacs issus des déchets de mer.

Emballages durables

Les marques aussi se veulent actrices du changement. Elle repensent, par exemple, complètement leurs emballages en plastique et les remplacent par des alternatives en plastique recyclé ou des emballages recyclables. Quelques exemples ? Ecover a récemment lancé, en collaboration avec AB InBev, son édition limitée « Too Good to Waste ». C’est une bouteille composée à 100% de plastique recyclé. De plus, au moins un quart du détergent est constitué d'alcool résiduel, soit de déchets issus du brassage de bière non alcoolisée. Autre exemple récent : Aoste présente son nouvel emballage composé à 80% de carton, qui contient donc 60% de plastique de moins que le modèle précédent.

Unilever tient également compte de la problématique. Récemment, la société connue pour ses marques telles que Dove, Ben & Jerry's et Lipton, a pris de nouveaux engagements afin de réduire ses déchets plastiques. Concrètement, l'entreprise souhaite réduire de moitié son utilisation de nouveaux plastiques d'ici 2025 en réduisant leur utilisation de plus de 100.000 tonnes. Le but étant également de permettre une utilisation plus rapide du plastique recyclé. L'entreprise souhaite également aider à collecter davantage d'emballages qu'elle n'en vend en traitant 600.000 tonnes de plastique par an. Elle compte y parvenir grâce à des investissements et des partenariats qui améliorent les infrastructures de gestion des déchets dans les différents pays où elle opère. Unilever est déjà bien parti pour atteindre ses objectifs antérieurs. La société souhaite, par exemple, recycler tous les emballages en plastique d'ici 2025.

Il n’y a pas que les retailers et les marques qui font des efforts pour contrer la production de déchets plastiques. Les consommateurs, eux aussi, font leur part du travail. Il semblerait d’ailleurs que 6 Européens sur 10 payeraient volontiers plus cher pour des emballages contenant moins de plastique. C’est en tout cas ce que démontre une étude de DS Smith, un acteur européen important dans le domaine de l'emballage durable. 

Nouvelles technologies durables

Selon Gondola Academy, l'utilisation du plastique doit cependant être nuancée puisqu’il est important de noter que tous les plastiques ne sont pas mauvais. De nombreux producteurs et détaillants utilisent le plastique pour une plus longue conservation des produits tels que les fruits et légumes, même s’ils tentent cependant de trouver de nouvelles alternatives. C’est par exemple ce que fait Albert Heijn avec son nouveau concept de produits frais : l’enseigne expérimente la « brumisation à sec », une technique grâce à laquelle les fruits et légumes parviennent à rester frais plus longtemps. Le supermarché allemand Rewe va encore plus loin en testant un enrobage comestible pour prolonger la durée de conservation de ses fruits. Cette couche supplémentaire permet d'ajouter relativement peu d'oxygène au fruit, ce qui prolonge sa maturité et ralentit le processus de dégradation. La durée de conservation serait deux fois plus longue que celle des fruits ordinaires. Rewe teste actuellement son concept sur les citrons, les avocats, les mangues et les pamplemousses.

Les progrès dans le domaine se font donc déjà sentir, bien que la Gondola Academy souligne dans son rapport qu’il est encore nécessaire de devenir plus durable et qu’il ne faut pas seulement suivre la vision des consommateurs.

Qui est à blâmer ?

La question que beaucoup se posent est la suivante : qui est le véritable responsable de tous ces déchets plastiques ? Une enquête réalisée par GfK montre que les consommateurs européens et russes considèrent que ce sont les producteurs qui sont les principaux responsables. En revanche, les détaillants sont beaucoup moins pointés du doigt.

Si nous observons l'opinion des consommateurs belges de plus près, nous constatons qu'ils considèrent aussi les producteurs comme les principaux coupables (leur score est de 184), suivis par le gouvernement (104), les consommateurs (60) et enfin les détaillants (41).

Pourtant, en pratique la source est rarement unique. C’est l'ensemble du secteur, y compris le consommateur, qui est à l'origine du problème. C'est pour cette raison qu’il est important que toute la chaîne agisse pour trouver des solutions durables et freiner la propagation du plastique.

Food Retail on the move

Curieux de découvrir les autres tendances durables analysées par Gondola Academy ? Téléchargez gratuitement son food trends rapport.

Cliquez ici !
Food Retail on the move