AB InBev envisagerait de se débarrasser de plusieurs de ses marques de bière allemandes, avance l’agence Bloomberg. Une opération qui pourrait rapporter un milliard d’euros au géant brassicole, qui cherche à réduire sa dette dans un marché de l’alcool en pleine mutation.

Franziskaner Weissbier, Hasseröder, Spaten… Le CEO d'AB InBev, Michel Doukeris, étudie la possibilité de vendre plusieurs des marques de bière allemandes détenues par le groupe depuis plusieurs décennies, ont révélé plusieurs sources proches du dossier à l’agence Bloomberg. Selon ces personnes, qui préfèrent conserver leur anonymat, le numéro 1 mondial de la bière travaille actuellement avec un conseiller afin d’explorer les options possibles. À ce stade, la réflexion est toujours en cours et rien ne permet d’affirmer avec certitude que la vente se fera. Dans un courriel envoyé à l’agence de presse, AB InBev s’est limité à déclarer que le groupe "évalue continuellement ses options afin d'optimiser ses activités et de stimuler la croissance". "En termes du portefeuille des bières et des perspectives de croissance, AB InBev peut faire sans ses marques allemandes", a en tous cas assuré dans L’Echo l’analyste Fernand de Boer (Degroof Petercam), qui estime qu’il ne s’agit pas là d’un "game changer" pour le géant brassicole.

Une dette de 83 milliards d’euros

Si la vente devait bel et bien se faire, elle pourrait toutefois rapporter un milliard d’euros à AB InBev. De quoi participer à la réalisation du double objectif qui occupe désormais le groupe, sous la houlette de son nouveau CEO depuis l’été dernier : réduire sa dette et améliorer la rentabilité. Suite aux nombreuses acquisitions réalisées par le prédécesseur de Michel Doukeris, Carlos Brito, dont le rachat du numéro 2 mondial SABMiller en 2016 pour plus de 100 milliards de dollars, AB InBev a accumulé une montagne de dette de 83,2 milliards de dollars (mi-2021), ce qui équivaut à près de 5 fois l'Ebitda. En 5 ans, le groupe a perdu près de 60% de sa valeur en bourse. Le fruit de la vente des marques allemandes pourraient donc quelque peu réduire la dette du groupe et poursuivre le mouvement initié à la fin du mandat de Carlos Brito. Par ailleurs, le secteur allemand de la bière étant particulièrement fragmenté, avec des milliers de petites marques régionales qui se disputent les parts du marché intérieur, celui-ci n’est guère très rentable. À cela s’ajoute également le fait que les marques allemandes s’avèrent moins exportables que d’autres bières mondialement connues détenues par le groupe comme Heineken ou Stella. Selon les chiffres de la Commission européenne, l’Allemagne brasse un quart de toute la bière produite en Europe, mais le pays en exporte pourtant moins que les Pays-Bas et la Belgique.

‘Grande révolution’

Enfin, le contexte mondial n’est également guère favorable à l’heure actuelle pour le numéro 1 de la bière. L’été dernier, Michel Doukeris a même déclaré qu'une "grande révolution" se préparait dans le secteur de l'alcool, où plus de 60% de la croissance est désormais générée en dehors de la bière, comme la catégorie des nouvelles boissons comme les hard seltzers. Le CEO cherche par conséquent à protéger AB InBev de cette tendance défavorable à la boisson houblonnée en cherchant à intensifier la diversification des produits du groupe, notamment les cocktails ou le vin en cannette, ainsi que les boissons énergisante.

Anthony Planus