Le scandale Veviba est encore dans toutes les têtes. Avant lui, d’autres ont éclaté dans le secteur de la viande. Ces scandales masquent toutefois un malaise économique plus profond. Ainsi, avec une diminution tant en volume (-30%) qu’en valeur (-50%) entre 2007 et 2017 (source: ADSEI), la filière belge de la viande bovine est aujourd’hui en proie à une crise structurelle. Mais pour comprendre les réels enjeux économiques et sociaux de la situation, il est essentiel de transcender les polémiques actuelles en prenant le pouls du secteur.

C’est pourquoi The Retail Academy (Gondola Group) a réalisé une grande enquête autour de la viande bovine pour la Foire de Libramont. Consommateurs et éleveurs y ont pris part. Et nous vous en livrons ici les principales conclusions.

Éleveurs: « Il est nécessaire d’adapter les méthodes de production »

La majorité des éleveurs pensent qu'il est nécessaire d’adapter les méthodes de production aux besoins et aux attentes du client. Et ce, tout particulièrement en vue de réduire l’impact environnemental (62,3%) et le volume de production pour privilégier une meilleure qualité (59,4%).

Ils estiment également que leur avenir dépend avant tout de la création de nouvelles valeurs liées à la viande  comme la santé, le bien-être animal ou encore environnement (68,1%) et d’un contrat commercial direct liant éleveurs et consommateurs, par exemple via la digitalisation (63,7%).

Les éleveurs ont en outre une certaine vision du consommateur de viande. Ils sont en effet majoritaire à le percevoir aujourd’hui comme actif (prêt à payer plus cher pour un produit qu’il estime répondre à ses attentes), voire pro-actif (prêt à s’impliquer pour soutenir les éleveurs locaux répondant à ses valeurs). Et cela tend à se confirmer, si l’on observe les résultats de notre enquête consommateur. En effet, 72% pensent qu'il est important de manger de la viande belge en vue de soutenir les agriculteurs locaux.

 

Les consommateurs: plus de transparence et des garanties!

Si le nombre de végétariens et de flexitariens tend à croître chez nous comme ailleurs, le Belge reste malgré tout un amateur de viande. 90% des personnes sondées affirment encore manger de la viande. Parmi ceux-ci, 53,5% indiquent manger au minimum la même quantité de viande qu’il y a de cela 5 ans.

Ceux en consommant moins, expliquent faire attention à leur régime alimentaire et donc à leur santé (29,6%) ou consommer davantage de viande de qualité, mais en limitant la quantité (27,4%).

Pour l’achat de sa viande, le consommateur se dirige en premier lieu vers un supermarché (52%), mais aussi chez le boucher (32%). Il accorde en outre une forte importance à savoir d’où vient la viande qu’il achète (62%), et au bien-être animal. 55% des consommateurs voulant en effet savoir si celui-ci a pâturé en prairie durant l’été. A côté du bien-être animal et de la transparence, le consommateur réclame aussi des garanties. Ainsi, ils sont 56% à affirmer qu’ils mangeraient davantage de viande s’ils étaient sûrs qu’elle est bonne pour leur santé. Cela étant, 80% des consommateurs disent avoir confiance en la qualité de la viande bovine.

 

Rendre fiers de produire et de consommer par la création d’un nouvel écosystème

Ce vendredi 04 mai, la Foire de Libramont a réuni une dizaine d’éleveurs de BBB pour les aider à s’approprier les constats issus des enquêtes réalisées par The Retail Academy (Gondola Group).

L’objectif est de permettre aux éleveurs de créer une marque qui leur appartienne. Une marque dont ils maîtrisent le cahier des charges et le marketing, afin de créer un nouvel écosystème dans lequel le producteur et le consommateur se retrouvent et sont fiers de ce qu’ils produisent et de ce qu’ils consomment.

« 77% des consommateurs sont aujourd’hui demandeurs d’une viande produite localement, en Belgique. Malheureusement, bien que les éleveurs en soient conscients et en éprouvent la volonté, ceux-ci ont des difficultés à communiquer leur ancrage local à travers leurs produits » explique Pierre-Alexandre Billiet, CEO Gondola Group. « Jusque-là, en matière de communication et de marketing, les éleveurs se reposaient en effet essentiellement sur la grande distribution. Désormais il leur appartient d’entrer directement en contact avec le consommateur. C’est la raison pour laquelle il est aujourd’hui important pour eux de mettre en place leur propre marque et d’en maîtriser l’ensemble du cahier des charges, marketing et communication compris ».