L'industrie alimentaire belge a créé en 2016 un plus grand nombre net d'emplois et a investi 11% de plus qu’en 2015, grâce en partie à la diminution du handicap salarial et à une amélioration de la conjoncture. La Fevia voit pourtant des nuages sombres planer sur le secteur : le chiffre d'affaires sur le marché belge diminue à cause des achats transfrontaliers croissants et la progression du protectionnisme et le Brexit menacent l’exportation.

Plus d’emplois

Grâce en partie à la diminution des charges, le saut d’index et la modération salariale, le nombre d'emplois dans l’industrie alimentaire a augmenté de 0,7% par rapport à 2015, et les équivalents temps plein (ETP) de 1%. En 2016, le secteur compte 89.043 emplois, ce qui équivaut à 73 884 ETP.

« Pourtant, le travail est encore loin d’être terminé » précise la Fédération de l’industrie alimentaire belge (Fevia). Le handicap du coût salarial de l'industrie alimentaire belge se maintient en effet toujours à 17,5% en 2016. « Sans mesures supplémentaires, le handicap salarial risque d'augmenter à nouveau » poursuit la Fevia.

Baisse du chiffre d’affaires sur le marché belge

Bien que le chiffre d’affaires total (à l'intérieur et à l'extérieur de la Belgique) de l'industrie alimentaire belge ait augmenté de 2,9% en 2016, le marché belge se trouve devant des défis sans précèdent : le chiffre d'affaires de l'industrie alimentaire sur le marché belge a diminué de 1,7%. Tant les volumes de vente que les prix plongent dans le rouge.

Chris Moris, le directeur général de la Fevia, souligne les défis : « Les achats transfrontaliers et la concentration accrue de la distribution sont les coupables. A cause d’une accumulation de taxes et redevances, les achats transfrontaliers augmentent de 7,8% en 2016. Depuis 2008, les achats transfrontaliers ont augmenté de plus de 50%. »

« Les consommateurs votent avec leurs pieds et achètent là où les prix sont les plus bas » ajoute Jean Eylenbosch, Président de la Fevia. « Selon Comeos, sans les achats transfrontaliers, il y aurait même 11 000 emplois supplémentaires en Belgique. Une réflexion approfondie est nécessaire. Une chose est claire : dans ce contexte, introduire des taxes supplémentaires ou un système de consigne est irresponsable. »

L'exportation croissante en danger à cause du protectionnisme ?

En 2016, l'exportation était plus que jamais la force motrice de la croissance de l'industrie alimentaire belge. L'exportation a augmenté de 4,3%. L'exportation hors Union européenne a même augmenté de 5,3%. Les exportations vers les États-Unis poursuivent leur pic de croissance (+ 80,1% par rapport à 2012 et + 14,5% en 2016 par rapport à 2015). Ce sont surtout les exportations vers la Chine qui sautent aux yeux avec une croissance de + 26% en 2016 et une croissance de + 177,3% par rapport à 2012. La Chine devient donc le deuxième marché d'exportation le plus important et dépasse le Japon.

Mais « les nouvelles barrières commerciales et le « gastro-nationalisme » constituent une menace majeure pour la croissance de l'industrie alimentaire » indique la Fevia. Le Brexit et le déclin de la livre font baisser (en valeur) les exportations vers le Royaume-Uni de 1,7%. L'étiquetage d'origine obligatoire en France fait baisser l'exportation des produits laitiers (en volume) de 17,1% au 2ème semestre de 2016. En même temps, le boycott de la Russie reste d’actualité et le nouveau président américain Trump est des plus critiques concernant le libre-échange.

Chris Moris souligne le danger du gastro-nationalisme : « L'expérience de l'étiquetage d'origine obligatoire en France et dans d'autres pays européens place le marché intérieur européen dans une crise existentielle. » 

La Fevia appelle donc la Commission européenne à ne plus tolérer ces « projets pilotes ».