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Alors que se profile la période de Pâques, particulièrement propice à la vente de chocolat, les prix du cacao atteignent des sommets plus vus depuis un demi-siècle sur les marchés mondiaux. Plusieurs facteurs expliquent cette flambée.
En l’espace d’une année, le prix du cacao a plus que doublé sur les marchés de référence que sont New York et Londres. Sur le premier, le contrat à terme ‘d’or brun’ se négociait aux alentours de 5.500 dollars (5.100 euros) la tonne ce mardi matin, et à près de 4.700 livres (environ 5.500 euros) sur le second. Il faut remonter à près d’un demi-siècle pour retrouver la trace de niveaux aussi élevés (5.379 dollars à New York en 1977). Si les prix en magasin du chocolat et de ses dérivés n’ont évidemment pas augmenté dans les mêmes proportions, d’autres postes et ingrédients impactant également le prix final, ils ont bel et bien fortement augmenté ces derniers mois. Selon les données fournies par NielsenIQ, les prix des produits chocolatés ont bondi de 9,1% entre l’automne 2022 et celui de 2023 (MAT W44 2023). Des chiffres qui ne prennent pas encore en compte la hausse des prix du cacao de ces derniers mois, ce qui laisse à penser que la situation ne devrait guère s’améliorer à court terme.
Plusieurs facteurs expliquent la flambée actuelle des cours du cacao. Face à une demande en cacao qui ne cesse de croître, l’offre peine à suivre, la production se révélant systématiquement insuffisante ces dernières années. Récemment encore, l’Afrique de l’Ouest, qui concentre à elle seule plus de 60% de la production mondiale de fèves, a été frappée par des pluies abondantes suivies d’une sécheresse. Cela a entraîné, outre un déficit d’ensoleillement, l’émergence de maladies dans les plantations de cacaoyers, avec à la clé des rendements en berne. Et la situation ne devrait pas s’améliorer de sitôt, le phénomène climatique El Nino menaçant également les prochaines récoltes de fortes chaleurs et de sécheresse. Rien qu’en Côte d’Ivoire, le défaut de l’offre pour la récolte actuelle oscillerait entre 70.000 et 100.000 tonnes, selon des estimations récemment relayées par Bloomberg. En prime, ces tensions risquent aussi d’attirer un nombre croissant de spéculateurs qui, à leur tour, devraient encore un peu plus alimenter la spirale de flambée des prix.
La semaine dernière, Paul Davis, le président de la European Cocoa Association, a estimé que les prix devraient continuer à augmenter pour atteindre 6.000 dollars par tonne, ajoutant que « tous les indicateurs sont pour le moment au rouge ». Même son de cloche, en plus inquiétant encore, du côté des analystes de Citigroup pour qui les prix pourraient rester élevés jusqu'au second semestre de 2025, et même dépasser la barre des 7.000 dollars. Enfin, il est important de souligner que des cours élevés sur les marchés ne sont pas synonymes de meilleurs prix pour les planteurs, qui globalement continuent à vivre dans des conditions particulièrement précaires. En septembre dernier, le prix bord champ de la récolte 2023-2024 en Côte d’Ivoire, c’est-à-dire le prix payé directement aux cacaoculteurs, a été fixé par le gouvernement local à 1 million de francs CFA la tonne de cacao fermenté, séché et trié, soit environ 1.520 euros, bien loin des prix qui agitent en ce moment les marchés…
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