On est presque un peu gêné de l'écrire : au moment où les troupes russes bombardent plusieurs régions de l'Ukraine, l'urgence est-elle vraiment de se poser à chaud la question des possibles conséquences économiques pour l'économie en général et le marché de la consommation en particulier ? Une forme de décence nous inviterait à l'éviter, mais puisque la question nous a été posée, voici ce qu'il est possible de répondre pour l'instant.

Les principales conséquences sont bien entendu macro-économiques. Toutes les bourses de la planète ont aussitôt vu leur cours dévisser d'environ 4%. Il y a la hausse pétrolière : le cours du Brent a grimpé à 102 dollars. La Russie représente aussi 30% de l'approvisionnement pétrolier européen. Le gaz connaît lui aussi une nouvelle envolée, d'au moins +20% (à 107$). L'aluminium vient de grimper de +4%, atteignant un record historique. Tous ces éléments mis bout à bout viennent encore renforcer le renchérissement connu par les matières premières, et qui a généré récemment à la fois une menace pour le pouvoir d'achat des ménages ( sur l'énergie ) et une poussée inflatoire sur les produits de consommation. Toute nouvelle pénurie n'arrangerait pas les choses, et compliquerait le rôle des banques centrales tentant de juguler l'inflation.

Directement sensible à la pompe

"L'impact pour les consommateurs se fera surtout sentir à moyen terme", estime Tom Simonts, analyste chez KBC. "Nous ne commencerons pas immédiatement à dépenser moins ou à partir en voyage, mais la confiance des consommateurs va baisser. Cela ne se fera pas immédiatement, mais sur une période de plusieurs mois, en fonction de l'évolution de la situation. Il y bien aura un impact direct dû la hausse des prix à la pompe. C'est un phénomène dont les familles font l'expérience, et qui exerce un impact sur leur pouvoir d'achat. Mais la principale question actuelle est la suivante : combien de temps cela va-t-il durer ? Ceci détermine la réponse à toutes les autres questions. Il est probable, cependant, que la baisse attendue de l'inflation en sera retardée."

Un impact imprévisible pour les filières

Pour ce qui est de l'univers alimentaire, on sait que les pays concernés par cette actualité sont de gros exportateurs de blé, dont le prix à la tonne vient de grimper de 3%, à 294 euros la tonne. La Russie représente 20% des échanges mondiaux, l'Ukraine 10%. L'Europe n'est pas si directement exposée, contrairement aux pays du Sud de la Méditerranée.

Bien entendu, il est difficile de se prononcer aujourd'hui sans connaître le détail des sanctions économiques adoptées à l'égard de la Russie, ni les mesures de rétorsions que celle-ci adoptera sans nul doute pour y répondre. On se rappelle qu'elles avaient notamment impacté les producteurs fruitiers belges.