Dans le débat sur les avantages extralégaux, les appels à la simplification se font de plus en plus pressants. La valeur des chèques-repas passera à 12 euros, une correction nécessaire après des années d’inflation. Dans le même temps, la pression pour rationaliser les autres chèques. “Mais rationaliser ne doit pas signifier démantèlement”, avertit Ben Broeckx, managing director de Pluxee. “Les réformes doivent être réfléchies, fondées sur des données et des analyses d’impact approfondies.”

De 8 à 12 euros : pas un luxe mais une indispensable correction 

“Pour beaucoup de commerçants, les chèques-repas ne sont pas anecdotiques mais une partie essentielle de leur chiffre d’affaires. Pour un sur trois, ils représentent près de 10 % de leur chiffre d’affaires”, expose Ben Broeckx.

Le nouvel accord gouvernemental comprend l’engagement d’augmenter la valeur des chèques-repas à 10 et, à terme, à 12 euros. Une mesure grandement nécessaire quand on sait que leur valeur de 8 euros est inchangée depuis 2016. Or sur la même période, les prix de l’alimentation ont grimpé de 39% ! 

“Nous saluons bien sûr cette mesure, mais soyons de bon compte : ces 12 euros ne sont pas un gros cadeau mais une indispensable correction après des années d’inflation. Pluxee est le leader du marché et le spécialiste de ces chèques. Une enquête menée auprès de nos utilisateurs montre qu’ils sont presque tous d’accord pour dire que cette augmentation est nécessaire et urgente.”

Selon une étude de Roland Berger, elle entraînerait une hausse significative du pouvoir d’achat des utilisateurs.

“Pour traduire cela en chiffres : augmentation du chiffre d’affaires de 220 millions dans les secteurs alimentaire et de l’horeca et près de 10.000 emplois de plus. Et les recettes publiques augmenteraient de 47 % – près de 700 millions – grâce à l’effet multiplicateur des chèques dépensés localement.”

Bien que Pluxee comprenne la demande de simplification du système, il met en garde contre le risque juridique lié à la possibilité d’étendre à des produits non alimentaires le paiement par chèques-repas. En effet, l’exonération actuelle des cotisations de sécurité sociale est liée à une utilisation stricte : les chèques-repas ne peuvent être dépensés que pour l’alimentation prête à la consommation. Dès que cette condition est supprimée, il y a un risque de requalification en salaire.

Cette requalification aurait des conséquences considérables. L’avantage serait alors soumis aux cotisations sociales ordinaires, ce qui entraînerait une augmentation des coûts salariaux pour les employeurs et une diminution de l’avantage net pour les salariés. L’ensemble du système perdrait ainsi toute son efficacité. Tant la Cour constitutionnelle que le Conseil d’État ont déjà mis en garde contre ce piège juridique.

De plus, le mélange des objectifs de dépenses – produits alimentaires et non alimentaires – crée une confusion entre les différents systèmes de chèques. Non seulement cela complexifie le maintien de la délimitation juridique mais aussi le contrôle et l’application par les services d’inspection. La frontière entre ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas s’estompe, ce qui sape la confiance dans le système.

Les éco-chèques : durables, ciblés et économiquement pertinents 

Les éco-chèques constituent également un maillon important, tant dans le package salarial que dans la transition vers une économie durable. Ils représentent une dépense annuelle de 250 millions dans les commerces belges qui proposent des produits durables. Pour les magasins spécialisés dans le développement durable, ils peuvent représenter jusqu’à 40 % du chiffre d’affaires.

Opnieuw & Co

Opnieuw & Co illustre parfaitement comment les éco-chèques peuvent contribuer à une consommation durable. Cette entreprise sociale, qui exploite plusieurs magasins de seconde main dans la province d’Anvers, a connu une croissance impressionnante depuis qu’elle accepte les éco-chèques. “Depuis 2017, le nombre d’achats effectués avec des éco-chèques est passé de 100 à 1.000 par mois, soit une multiplication par dix en moins de dix ans !”, rapporte Frank De Leeuw, directeur financier d’Opnieuw & Co.

Cette croissance n’est pas seulement due aux magasins physiques puisque les éco-chèques sont également acceptés en ligne. Aujourd’hui, ils comptent pour
4 % du chiffre d’affaires mensuel d’Opnieuw & Co. Un beau potentiel de croissance qui prouve que proposer ce moyen de paiement, tant en magasin qu’en ligne, est une véritable opportunité. “Le montant total dépensé en éco-chèques a fortement augmenté, passant de 1.000 à 17.000 euros par mois en 2024”, ajoute Frank De Leeuw.

“Les éco-chèques ne sont pas un produit de luxe. Ils constituent une incitation ciblée à la consommation durable et un moteur économique pour les commerçants locaux.” Leur impact écologique ne doit pas non plus être sous-estimé : chaque année, ils permettent d’éviter 350.000 tonnes d’émissions de CO₂, soit l’équivalent de 75.000 voitures en moins sur les routes. Sans les éco-chèques, de nombreux achats, tels que les appareils à faible consommation d’énergie, ne seraient tout simplement pas effectués. Sans éco-chèques, 43 %
des consommateurs reportent leurs achats durables, ce pourcentage grimpant à 53 % chez les personnes à faibles revenus.

“Ce sont surtout les groupes vulnérables qui sont touchés. Ils sont contraints d’opter pour la solution la moins chère, mais finissent par payer plus cher à long terme en raison des coûts énergétiques plus élevés. Les éco-chèques font la différence entre un choix durable et une erreur coûteuse.”

Pluxee ne s’oppose donc pas aux réformes, mais plaide en faveur d’une approche réfléchie. “Nous devons éviter que des simplifications bien intentionnées nuisent involontairement au commerce, à la durabilité ou au pouvoir d’achat. Une analyse d’impact approfondie est indispensable. C’est la seule façon de protéger et de renforcer l’écosystème autour du pouvoir d’achat, de la durabilité et des dépenses locales.”

Pluxee appelle les décideurs politiques à ne pas opter pour l’apparence de la simplicité mais pour la force d’une politique réfléchie. C’est la seule façon de garantir que les chèques sociaux continueront à jouer leur rôle à l’avenir en tant que levier d’une économie résiliente, d’une société durable et d’un marché du travail équitable.

Pluxee
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Les éco-chèques 

  • Environ 2,3 millions de Belges reçoivent chaque année des éco-chèques.

  • Grâce aux éco-chèques, 250 millions sont dépensés chez les commerçants belges.

  • Pour 50 % des retailers durables, les éco-chèques ont un impact positif direct sur leur chiffre d’affaires.

  • Dans les magasins spécialisés durables et les magasins circulaires, cela peut atteindre 40 % du chiffre d’affaires.

  • Sans éco-chèques, plus de 4 consommateurs sur 10 reportent leurs achats durables, et ce pourcentage grimpe à 53 % chez les personnes à faibles revenus.

Les chèques-repas

  • Depuis 2016, la valeur du chèque-repas est fixée à 8 euros.

  • Au cours de la même période, les prix de l’alimentation ont augmenté de 39 %.

  • 91 % des utilisateurs estiment qu’il est urgent de passer de 8 à 12 euros.

  • 73 % les jugent essentiels pour leur budget mensuel.

  • Sans les chèques-repas,
    28 % des consommateurs financièrement vulnérables feraient davantage leurs achats à l’étranger.

  • L’augmentation à 12 euros signifierait une hausse du pouvoir d’achat de 41 %.