Antoine de Sainte-Afrique, actuellement PDG de Barry Callebaut, sera le nouveau CEO de Danone. Le conseil d'administration du groupe laitier se réunira aujourd'hui pour confirmer la décision. Qui est le Français et quelle tâche l'attend ?

Danone déroule le tapis rouge pour Antoine de Sainte-Affrique. Un transfert de premier ordre : le Français de 57 ans, inconnu du grand public, a passé l'essentiel de sa carrière chez Unilever, un des grands concurrent de Danone, et était jusqu'en août encore PDG du chocolatier Barry Callebaut. Diplômé de l'Essec, il atterrit chez Unilever, où il reçut pour mission de lancer les marques de dentifrice Sanogyl et Signal. Il travailla ensuite sur les produits de beauté, les condiments et divers autres marchés. Son travail pour Unilever l'a successivement mené aux États-Unis, en Hongrie, en Russie, aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, où il attira l'attention du grand patron Patrick Cescau, puis de son successeur Paul Polman.

Paul Polman, qui comme Emmanuel Faber chez Danone, professait sa volonté améliorer le monde de l'alimentation et le rendre plus durable, confia à Antoine de Sainte-Affrique la direction d'Unilever Food en 2011. Avec des marques telles que Knorr, Lipton, Magnum et Carte d'Or, la branche était la deuxième de l'entreprise en termes de chiffre d'affaires. Ce qui confirmait la montée en flèche du manager français. Quatre ans plus tard, en octobre 2015, il vient diriger Barry Callebaut, plus modeste en chiffre d'affaires qu'Unilever Food. "Je ne suis pas très préoccupé par la hiérarchie. J'ai une manière informelle de diriger", déclare-t-il dans une interview disponible sur YouTube. "Je préfère parler aux gens que de rester assis dans mon bureau."

Chez Danone, un travail considérable l'attend, dans et en-dehors de son bureau. Le groupe laitier réalise un chiffre d'affaires de 23,62 milliards d'euros, mais souffre de la pandémie et affiche une marge opérationnelle de 14 % moins favorable que celle des concurrents de Danone, ainsi que le reprochaient les actionnaires au précédent CEO Emmanuel Faber. Celui-ci a réduit les coûts, entre autres dans le département marketing, mais sans que ceci lui fut porté en crédit. Faber avait été formé à la finance, tandis qu'Antoine de Saint-Affrique est plutôt un spécialiste du marketing et un "homme de marque". Il a enseigné le marketing à l'Essec, l'école de commerce dont il avait lui-même frotté les bancs. Il est à l'aise sur différents marchés, ce qui devrait l'aider dans sa nouvelle mission. Dans le même temps, il doit aussi travailler sur le passage à une alimentation plus végétale et la réduction du plastique. Il doit également s'inquiéter du cours de l'action de la société, qui est au même niveau qu'il y a six ans, et inférieur de 20% à celui des entreprises similaires, l'une des principales raisons pour lesquelles les actionnaires se sont opposés à Emmanuel Faber.