Plus de 4 Belges sur 10 (42%) se déclarent en faveur de la viande cultivée. 43% ayant, en plus, une première impression neutre vis-à-vis du concept. C’est ce qui ressort d’un sondage mené par le bureau d’études Ipsos à la demande de l’organisation de défense des animaux Gaia.

Tant en Wallonie, qu’à Bruxelles et en Flandre, les Belges associent surtout la viande cultivée au bien-être animal et au respect de l’environnement. « Nous voulons sensibiliser l’opinion publique à cet égard », déclare Michel Vandenbosch, président de Gaia. « La Belgique ne doit pas rater le coche de cette technologie innovante. »

L’attrait pour la viande reste socio-culturel

« En Belgique et dans le monde, les végétariens et véganes sont malheureusement encore rares » déclare d’entrée de jeu Gaia. 70% des Wallons et 64% des Flamands se considèrent comme de vrais carnivores. Alors que 31% des Belges se définissent comme « flexitariens » et mangent régulièrement – en plus de la viande et du poisson – des repas végétariens. L’attrait pour la viande reste socio-culturel : elle est surtout consommée pour son goût (66%) et par habitude (47%). 

Mais de plus en plus de gens refusent de manger de la viande par respect pour le bien-être animal. Ainsi, 55% des flexitariens choisissent de consommer les substituts de viande actuels pour des raisons liées au bien-être animal, tandis que 46% d’entre eux font ce choix pour des raisons environnementales.

Une viande éthique est possible

Mais aujourd’hui, la production de vraie viande sans abattage d’animaux est possible, et Gaia entend dès lors promouvoir la viande cultivée. L’association a notamment lancé un site web, www.viandecultivee.be, et une nouvelle campagne qui coïncide avec  la publication du livre de Paul Shapiro, « Clean Meat » (éd. Luc Pire). « En Belgique, nous voulons être les avocats de la transition sociétale vers une viande sans abattage », souligne Michel Vandenbosch.

Depuis le début des années 2000, une industrie émergeante tente de réconcilier ceux qui aiment la viande et les amis des animaux. Les start-ups qui se sont lancées dans cette aventure ont un rêve commun : commercialiser de la viande qui ne nécessite pas d’abattage d’animaux. Cultivée à partir de cellules-souches, il s’agit là d’une vraie viande, avec le même goût et la même texture que celle vendue chez le boucher.

Pour Gaia, la « viande cultivée » représente une des révolutions majeures du XXIesiècle : non seulement, elle répond à un problème d’écologie et de sécurité alimentaire, mais surtout, elle permet de renoncer à l’abattage d’animaux. « Nous sommes convaincus que l’agriculture cellulaire, en se substituant progressivement à l’élevage industriel, contribuera immanquablement à la diminution de la souffrance animale à travers le monde », explique Michel Vandenbosch. Et d’insister : « Un futur sans viande est peut-être une vision trop optimiste. Mais un avenir sans abattages d’animaux n’est désormais plus une utopie. Les Pays-Bas, les États-Unis et Israël ont déjà pris une longueur d’avance dans ce domaine. Il est donc primordial que la Belgique ne rate pas le coche de cette technologie prometteuse. »

Pour rappel, le néerlandais Mosa Meat et l’américain Memphis Meats entendent commercialiser leurs premiers produits dès 2021. D’abord vendus à petite échelle, ils devraient être disponibles dans la grande distribution d’ici 2025.

 

24% des Belges sont prêts à payer plus pour une viande cultivée

Mais les consommateurs sont-ils prêts à manger de la viande produite à partir de cellules souches ? Si cette viande dite « propre » (clean meat) est déjà une réalité, elle n’est pas encore commercialisée. Pourtant, plus de 4 Belges sur 10 (42%) ont une attitude positive vis-à-vis de la viande cultivée, tandis que 4 sondés sur 10 ont, en plus, une première impression neutre vis-à-vis du concept. Autant de répondants indiquent envisager d’acheter de la viande cultivée si elle était disponible au même prix que celui de la viande d’animaux abattus. 24% des Belges sont même disposés à payer jusqu’à 10% en plus pour la viande cultivée.

Comme pour les substituts de viande existants, les Belges associent surtout la viande cultivée au bien-être animal et au respect de l’environnement. En effet, le sondage démontre que 57% des Belges consommeraient de la viande cultivée parce que cela leur permet de manger de la viande sans souffrance animale. Cette intention grimpe même à 74% auprès des répondants qui ont une attitude positive vis-à-vis du concept. Parmi les autres raisons, 52% des sondés estiment que manger de la viande cultivée sera meilleur pour l’environnement et 46% estiment qu’elle pourrait s’avérer une solution au problème alimentaire mondial.

Transition sociétale

« Ces résultats prouvent que le souci du bien-être animal est une valeur fondamentale de notre société », explique Ann De Greef, directrice de Gaia. « Les Belges sont d’autant plus ouverts à l’idée de consommer une viande plus éthique, plus sûre et plus durable que le goût et la texture de la vraie viande sont totalement préservés grâce à la viande cultivée. Notre pari est que au mieux les gens seront informés sur cette possibilité, au plus ils seront prêts à manger de la viande sans abattage », conclut-elle. À cet effet, GAIA souhaite coopérer avec les chercheurs, les gouvernements et les mouvements environnementaux.

Et Michel Vandenbosch d’ajouter : « Gaia est déterminé à susciter l’adhésion à la viande cultivée ou ‘sans abattage’ dans notre société, sachant que la plupart des gens ne sont pas prêts à arrêter de manger de la viande dans l’immédiat. Nous travaillerons d’arrache-pied pour y parvenir dans les années à venir. Néanmoins, nous continuerons à soutenir la transition sociétale vers une alimentation de plus en plus végétale. »

 

Dans son édition de Février 2019, Gondola Magazine consacrait un large dossier à l’alimentation végane et végétarienne. Au menu: des portraits de ceux qui changent la donne en rayon, entendez par là les consommateurs eux-mêmes, mais aussi des informations chiffrées. Chaque semaine, nous publierons un portrait des personnalités véganes, végétariennes et flexitariennes que nous avons rencontrées. Car si elles sont souvent décrites en termes de menaces pour les filières agricoles,  elles forment aussi des opportunités pour les retailers capables de les saisir. Et elles nous livrent de riches enseignements… Pour suivre cette série, n'hésitez pas à vous inscrire à notre newsletter hebdomadaire!

 

On démarre dès aujourd’hui avec l’épisode 1, le portrait de Sofie, une blogueuse de 23 ans, végane depuis déjà 4 ans.

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