La nouvelle année va mal commencer pour les amateurs de bière : AB InBev comme Alken-Maes annoncent d’ores et déjà de prochaines hausses de prix. Celles-ci s’inscrivent dans une tendance plus large, alimentée par plusieurs facteurs.

À partir du 1er janvier 2022, AB InBev va augmenter ses tarifs dans l’horeca comme en supermarchés. Le géant de la bière n’a cependant pas précisé quelle sera l’ampleur de la hausse. Du côté d’Alken-Maes, on est encore un peu plus vague puisque le groupe a simplement annoncé une augmentation de prix qui devrait intervenir « à court terme ». Reste à voir comment ces nouvelles hausses seront répercutées entre les différents acteurs tout au long de la chaîne d’approvisionnement. En toute logique, les retailers pousseront pour que leurs clients ne se retrouvent pas à devoir régler l’ensemble de la note. Une situation qui semble plus difficilement évitable dans un secteur horeca mis à genou par près de deux années marquées au fer rouge par le Covid. Au cours de la dernière décennie, le prix de la bière a grimpé de 2,5% par an en moyenne. Mais entre mars 2020 et mars 2021, la hausse s’est élevée à 4,4%. Qu'en sera-t-il au printemps prochain ?

Énergie

AB InBev comme Alken-Maes justifient leur décision par la forte hausse des coûts de production. « L’explosion des coûts est l’une des principales préoccupations de nombreuses entreprises alimentaires à l’heure actuelle », rappelait à juste titre le nouveau président de la Fevia, Anthony Botelberge, en début de semaine. À l’occasion du lancement lundi de sa nouvelle roadmap de développement durable pour le secteur, la Fédération de l’industrie alimentaire belge soulignait notamment les récentes augmentations des prix du gaz naturel (+ 411%), des emballages en plastique (+ 22%), en aluminium (+ 46%), en carton (+ 17%), des palettes en bois (+ 133%) ou encore du transport par conteneurs (+ 144%). Autant de postes qui peuvent impacter la filière brassicole, en particulier celui de l’énergie dont le secteur est un grand consommateur.

Matières premières

Et puis, il faut encore ajouter la hausse des prix des matières premières. Les intempéries de l’année écoulée ont durement impacté la production de céréales. Une situation à laquelle le malt d’orge, nécessaire à la fabrication de la bière, n’a pas échappé. Entre 2020 et 2021, son prix a d’ailleurs grimpé de plus d’une vingtaine de pourcents. Or, comme le soulignait le professeur en économie du changement climatique, Dabo Guan, dans une étude menée en 2018 au Royaume-Uni, « une baisse de la production mondiale d'orge, c'est une baisse encore plus grande de la production d'orge consacrée à la bière ». Car seule l'orge de la meilleure qualité est utilisée pour sa production, et « les cultures de haute qualité sont encore plus sensibles ».

Et changement climatique

L’avenir est donc loin d’être radieux. Vagues de chaleur, pluies intenses, sécheresses… Autant de phénomènes météorologiques extrêmes qui sont appelés à se multiplier au cours des prochaines décennies à cause du changement climatique. Et ceux-ci risquent de faire baisser la production d’orge, avec un effet inverse sur les prix de la bière. Toujours selon cette étude parue dans la revue Nature, si le réchauffement se poursuit au rythme actuel, la production mondiale de bière pourrait baisser de 16% à l’avenir, avec à la clé un possible doublement de son prix.