Possible. On craint en tout cas des problèmes d'approvisionnement du côté des magasins et des supermarchés pour cette fin d’année 2021. « Des rayons vides ne sont pas à exclure. »

Les supermarchés et les retailers devraient être confrontés à de graves problèmes d'approvisionnement en fin d’année. « Il nous manque environ 5.000 chauffeurs de camion. Cette pénurie est toujours plus importante en fin d'année », déclare Lode Verkinderen, directeur de Transport en Logistiek Vlaanderen. « Heureusement, rien de comparable aux situations britanniques, où les magasins sont confrontés à des rayons vides et où les stations-service ne sont pas approvisionnées, mais nous sommes tout de même face à un problème », ajoute Philippe Degraef de la fédération des transports Febetra.

Cette pénurie de chauffeurs ne date pas d’hier, mais pourquoi le problème a-t-il actuellement un impact plus important qu’à son habitude ?

Lode Verkinderen : C’est très simple. Au lendemain de la crise Covid, l'économie a fait un bond en avant, ce qui signifie que la demande de transports a fortement augmentée. Pour chaque pourcentage de croissance de l’économie générale, le secteur des transports enregistre une croissance de 1,4 à 1,6%. Actuellement, le personnel n'est pas présent pour cette gestion. Au cours des dernières décennies, nous avons eu des chauffeurs de camions d'Europe de l'Est qui ont pu faire face à la croissance régulière, mais cette source de main-d’œuvre est également en train de diminuer, d’autant plus depuis que l'Europe a introduit le Mobility Package. L'une des règles impose aux conducteurs d'Europe de l'Est de rentrer chez eux avec leur camion au moins toutes les cinq semaines. La mise en œuvre ne sera effective qu’en février prochain, mais l'impact se fait déjà sentir.

Philippe Degraef : Les camionneurs belges ne sont les plus jeunes. 42% d'entre eux ont cinquante ans ou plus. Beaucoup de gens partent à la retraite, alors qu'il n'y a pas assez de chauffeurs pour compenser.

Quel impact aura la pénurie ?

Lode Verkinderen : Elle aura pour effet de rationaliser les opérateurs de transports. Les clients ayant le moins de marge seront les premiers à ne plus pouvoir effectuer certaines missions. 

Pensez-vous au secteur du retail ?

Lode Verkinderen : C'est très certainement l'un des secteurs à risque. Dans certaines industries, les conducteurs sont considérés comme un mal nécessaire. Certains chauffeurs ne peuvent pas accéder aux toilettes, même s'ils en font la demande. C'est un manque de respect. J'espère que cette crise permettra de montrer à quel point les choses peuvent et doivent être améliorées.

Quel sera l'impact en fin d'année ?

Lode Verkinderen : Il y a traditionnellement un plus grand impact en décembre, suivi d'une amélioration en janvier et les mois suivants. Je ne veux pas être alarmiste, mais il est évident que certains flux commerciaux vont s'arrêter. Les conducteurs ne peuvent pas faire face à cette pénurie. Je ne peux d’ailleurs pas exclure la possibilité qu'il existe des magasins pour lesquels il est plus difficile de stocker.

Philippe Degraef : Nous ne sommes certes pas dans des conditions comparables à celles des britanniques, mais nous sommes tout de même face à un problème. Tout le monde fera de son mieux pour éviter les rayons vides. Il est clair que le rapport de force dans le secteur est en train de changer.

Lode Verkinderen : Pendant des années, c'était le client qui déterminait le prix dans le secteur des transports. C'est le monde à l'envers. Supposons que vous alliez à la boulangerie et que vous commandiez trois pains, pour lesquels vous proposeriez 1 euro. Le boulanger vous montrerait gentiment la porte de sortie. C'était pourtant la procédure dans le secteur des transports, mais c’est une réalité en cours de changement. 

Les prix dans les magasins vont-ils inévitablement augmenter ?

Lode Verkinderen : Oui. Le secteur du retail ne possède de toute façon pas de grandes marges. Il ne faut pas être devin pour deviner que les prix augmenteront. Les coûts de main-d'œuvre dans le secteur des transports augmentent, ce qui crée de l'inflation et les prix du carburant sont également plus chers. Les transporteurs en tiennent compte. 

Philippe Degraef : Le consommateur devra inévitablement payer.