Une grande inquiétude règne depuis quelques jours dans le Nord de la France à propos de la possible implantation d’une gigantesque jardinerie belge à Villers-Bretonneux (Val de Somme), dans la région d’Amiens. Il n’y a pas de fumée sans feu…

C’est JAF-info, un site français de presse en ligne dédié au secteur, qui a tiré la sonnette d’alarme le 12 février. Le premier communiqué rapportait qu’un retailer belge aurait demandé un permis pour la construction du ‘plus grand centre de jardinage de France’ sur une superficie totale de 25 000 m², dont 20 000 m² couverts. Les partisans, mais surtout les nombreux détracteurs, ont commencé à s’agiter avant même le rendu d’une décision à propos de ce permis (en Commission départementale d’aménagement commercial, ou CDAC). Les gens s’interrogent sur la viabilité d’une jardinerie d’une telle envergure (“plus vaste que tous les magasins similaires de la région combinés”), sur le nombre d’emplois annoncés (“350, mais ça paraît beaucoup” quand on sait que la plus grande jardinerie de Belgique, avec 30 000 m², emploie 150 personnes ), et sur le chiffre d’affaires que réaliserait une telle entité (“au moins 20 millions, ce qui implique de drainer de la clientèle à 100 km à la ronde”). Bref, c’est panique à bord.

Les choses ne se sont pas arrangées lorsque l’instance compétente a ajourné la décision d’octroi du permis le 19 février, non sans que le président de la commission laisse entendre que le projet ‘avançait dans le bon sens’. D’autres détails ont filtré : il s’agirait d’un projet de 18 434 m² en extérieur et de 5 010 m² d’espace couvert, proposé par Famiflora. Les chiffres mentionnés plus haut ont également été corrigés : la jardinerie devrait générer un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros et il est question de 300 emplois. La comparaison est faite avec Floralux Dadizele qui “réalise un chiffre d’affaires de 33 millions d’euros avec un effectif de 150 personnes”. Truffaut et Jardiland sentent l’orage arriver.

Une semaine plus tard, un ‘comité de défense’ a été mis en place dans le but de faire opposition à l’octroi du permis.

Famiflora reste muette

Loin de toute cette agitation en France, Famiflora est-elle bel et bien impliquée ? Nos demandes de commentaire sont restées sans réponse. Qu’il s’agisse ou non de Famiflora, nous respectons ce silence.

En revanche, nous ne comprenons pas le remue-ménage provoqué par cette annonce en France. Une ‘jardinerie à la belge’ fait évidemment peur en raison de son envergure, de son professionnalisme et… des prix beaucoup plus bas pratiqués par rapport à la France. Quel que soit le retailer belge qui se cache derrière cet ambitieux projet, la politique de prix menée en France sera différente. D’une part, d’autres taxes y sont d’application et il faut aussi plus d’équivalents temps plein pour un même nombre d’heures d’ouverture en raison de la semaine de travail plus courte chez nos voisins du sud. Ces aspects se répercuteront forcément sur le prix final. Pourquoi ‘les Belges’ renonceraient-ils d’ailleurs à réaliser de bonnes marges si l’occasion se présente ? Ce serait une parfaite stratégie : engranger de belles recettes en France et utiliser les bénéfices pour financer des reprises en Belgique…

Et puis… les Français ont-ils crié au scandale lorsque des chaînes françaises ont mis la main sur le marché belge ou ont tenté de le faire. Il suffit de penser à Carrefour ou Cora dans le FMCG, à Castorama et Leroy Merlin dans le DIY ou… à Jardiland dans le secteur du jardinage.

La France pourrait bénéficier d’un ‘Famiflora’

Nous sommes convaincus qu’une jardinerie à l’image des Floralux de Belgique pourrait représenter une plus-value pour le marché hexagonal du jardinage. Ne serait-ce que parce que cela pousserait enfin les retailers locaux à se remettre en question et à élaborer des stratégies davantage orientées client.

Villers-Bretonneux

L’emplacement est effectivement bien choisi pour l’implantation d’une jardinerie belge, à quelque 150 km de la frontière, autrement dit juste trop loin pour attirer la clientèle française existante des ‘centres de jardinage frontaliers’.

Affaire à suivre…

Photo : site Web de Famiflora