Ce vendredi 1er avril, le prélèvement kilométrique pour le transport de marchandises entrera en vigueur dans les trois régions. Comeos, la fédération du commerce et des services, dénonce "un système qui n’est techniquement pas au point et qui est cher et sans impact sur la mobilité". Elle demande une taxe kilométrique intelligente, calculée en fonction du lieu et de l’heure du déplacement.

À partir de ce vendredi, les poids lourds devront payer une taxe kilométrique en fonction de la distance parcourue sur certaines autoroutes. « Mais des tests ont montré que le système d’enregistrement des déplacements n’était pas au point : si un camion emprunte par exemple une route parallèle à une autoroute, ce déplacement est enregistré comme étant effectué sur cette autoroute. Le transporteur devra donc payer une taxe kilométrique indue », affirme Dominique Michel, CEO de Comeos. « Il est inadmissible que cette technologie ne fonctionne pas correctement deux jours avant son introduction. Il convient de remédier à cette situation dans les plus brefs délais. »

Impact sur les prix en magasin

« Pour donner un exemple simple : une lasagne se trouvant en magasin a parcouru une certaine distance. Tout d’abord, les ingrédients doivent être acheminés vers le producteur ; ensuite, le produit fini doit être transporté du producteur vers les dépôts des magasins, pour finalement être distribué dans les supermarchés. Le prélèvement kilométrique rend chacune de ces étapes plus onéreuse », explique Dominique Michel.

« Nous estimons que le coût total pour la chaîne alimentaire se situera entre 120 et 170 millions d’euros. Tous les maillons de la chaîne répercuteront la taxe kilométrique, partiellement ou intégralement, sur le maillon suivant. Cela va créer un effet boule de neige, le dernier maillon – le commerce – étant influencé par l’ensemble de la chaîne. À cela s’ajoute le coût du prélèvement kilométrique pour notre propre transport, des dépôts aux supermarchés », déclare Dominique Michel Michel. 

+0,5% sur les prix des produits alimentaires

« Le secteur ne peut prendre en charge l’intégralité de ce coût alors même que la marge est en chute libre. En 2006, celle-ci était encore en moyenne de 3 pour cent pour le secteur ; elle n’est plus à présent que de 1,5 pour cent. Selon nos calculs, la taxe kilométrique risque de faire donc augmenter les prix des produits alimentaires en magasin de 0,3 à 0,5%. Ce chiffre vaut uniquement pour le secteur alimentaire, mais le raisonnement peut être étendu au non-food. »

"Nécessité d’une taxe kilométrique intelligente ayant un impact sur la mobilité"

La fédération ne plaide cependant pas pour une suppression du prélèvement kilométrique. « Nous ne sommes pas contre la taxe kilométrique, mais elle doit avoir un impact sur la mobilité. Ce n’est pas le cas dans le cadre de la réglementation actuelle », précise D. Michel. « Il s’agit d’une opération purement financière, sans effet positif sur notre mobilité. Nous demandons la mise en place, d’ici le 1er avril 2017, d’une taxe kilométrique intelligente, variant en fonction du lieu et de l’heure du déplacement. Avec ce système, les transporteurs roulant en dehors des heures de pointe, bénéficieraient d’un tarif plus avantageux, contribuant ainsi à réduire les embouteillages. Une taxe kilométrique intelligente inciterait le commerce alimentaire à faire rouler 800 camions en dehors des heures de pointe », conclut D. Michel.