La plateforme chinoise Shein, qui vend des articles de mode à très bas prix dans plus de 150 pays, fait l’objet d’une plainte devant un tribunal américain pour violation du droit d’auteur, et ce, à une telle échelle que la pratique pourrait tomber sous le coup d’une loi contre le « crime organisé ».  

Une plainte a été déposée cette semaine devant un tribunal de Californie par trois designers. Ces derniers se disent « surpris » et « indignés » d’avoir vu leurs créations copiées et vendues par le retailer chinois de fast-fashion sur sa plateforme, rapporte le site CBS News. Selon le contenu de la plainte, les copies en question n’étaient pas « approchantes », mais bien des « copies vraiment exactes de designs graphiques protégés par le droit d'auteur ». Face à l’ampleur du phénomène, les plaignants estiment que ces violations tombent sous le coup de la loi RICO, pour ‘Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act’ ou ‘loi sur les organisations influencées par le racket et la corruption’. « Shein s'est enrichi en commettant des infractions individuelles à maintes reprises, dans le cadre d'un racket long et continu, qui ne montre aucun signe d'affaiblissement », affirment-ils. Sur son site, De Tijd cite l’exemple de l’illustratrice Krista Perry qui a eu la (mauvaise) surprise de voir une affiche qu'elle avait conçue être vendue sur la plateforme chinoise pour 3 dollars. Lorsque la créatrice a contacté l'entreprise, celle-ci a proposé de la dédommager à hauteur de 500 dollars. Pareilles mésaventures se reproduiraient très régulièrement et de nombreux créateurs se laisseraient convaincre par les faibles sommes proposées par Shein… Ou découragés face à la structure complexe de l’entreprise. Une énième polémique donc pour le géant chinois fréquemment accusé de produire ses vêtements à très bas prix au détriment de l’environnement ou des conditions de travail des travailleurs qui les fabriquent. La plateforme a pourtant connu une croissance fulgurante ces dernières années, Shein ayant réalisé un chiffre d'affaires avoisinant les 30 milliards de dollars l’année dernière, ce qui est plus que H&M et Zara combinés. La firme ambitionne de franchir la barre des 60 milliards à l’horizon 2025, soit à peu près autant qu'Inditex.