Jour important pour Delhaize : les syndicats, la direction et le médiateur social s'assoient pour la première fois autour d'une table pour tenter de parvenir à un accord. Remettre les négociations sur les rails serait déjà un succès compte tenu des circonstances.

À en juger par les actions menées ces dernières semaines et par la réaction de la direction, l'ambiance au début des pourparlers ce matin sera sombre. Voici cinq semaines que le bloage est total. Les syndicats veulent une alternative à la franchisation des magasins intégrés ; pour la direction il ne peut être question d'abandonner ce qui est le cœur du plan. Les syndicats ont misé gros et ne peuvent pour l'instant se contenter d'un compromis. La tâche du médiateur social nommé par le ministre Dermagne s'en trouve alourdie, même si la syndicaliste Kristel Van Damme (ACV Puls) estime qu'il ne doit pas s'agir aujourd'hui de solutions provisoires. "Il s'agit maintenant de se parler à nouveau en adultes et de retrouver la confiance. C'est l'enjeu d'aujourd'hui", a-t-elle déclaré juste avant d'entamer les discussions. 

Le médiateur social doit faire en sorte que les deux parties se parlent à nouveau, mais il n'est pas seul dans cette tâche. Il est soutenu par un bureau de réconciliation, composé de responsables nationaux du secteur du commerce. La situation tendue chez Delhaize ne peut être dissociée de la situation générale du commerce alimentaire, qui traverse une période de turbulences. La concurrence sur le marché belge, en particulier du côté flamand, est féroce. C'est précisément Albert Heijn, qui fait partie de la même entreprise que Delhaize, qui contribue à créer cette concurrence acharnée, en proposant des prix bas et des promotions importantes, ce qui met les autres enseignes – y compris Delhaize – sous pression. Les prix et les promotions jouent un rôle de plus en plus important, surtout à une époque où de nombreux consommateurs estiment (à tort ou à raison) que leur pouvoir d'achat diminue. Delhaize est convaincu que la franchisation de ses propres magasins est la solution pour mieux faire face à cette concurrence. Un mauvais choix, estiment les syndicats, qui craignent qu'il ne déclenche un nivellement social par le bas, au détriment des travailleurs. C'est au médiateur social qu'il revient de calmer les esprits. Aujourd'hui, les discussions se poursuivront jusqu'à 14 heures au plus tard, heure à laquelle débuteront les discussions sectorielles.