Vos courses livrées par drone: c'est une perspective qui frappe l'imagination. Et quel que soit le jugement que l'on porte sur le niveau de "progrès" que ceci apporte, ce n'est plus de la science-fiction. D'abord parce qu'Amazon travaille activement à la mise au point du prototype de son système de livraison aéroporté, "Amazon Prime Air". Le géant de l'e-commerce communique régulièrement sur ses progrès en la matière. Il y a quelques mois, c'est Jeremy Clarkson, l'ex-présentateur de l'émission Top Gear sur la BBC, qui était mobilisé par son nouvel employeur pour l'expliquer  (c'est sur le service de vidéo à la demande Amazon Video que Clarkson et ses compères May et Hammond proposeront bientôt leur nouveau programme). Tous les consommateurs n'attendent pas impatiemment un tel service: une étude nationale menée aux Etats-Unis, un pays pourtant très ouvert au changement, a établi que seuls 42% des consommateurs approuvaient ce principe de livraison commerciale par les airs, soit le plus faible taux d'approbation enregistré parmi les différents usages de drones envisagés (sauvetage, sécurité, science, information...). Pour se concrétiser, le service "Amazon Prime Air" doit encore se parfaire et dépasser les obstacles qu'il rencontre aujourd'hui: l'autonomie réduite de l'appareil (25 minutes au stade actuel), la capacité d'emport limitée, et la nécessité de disposer à domicile (jardin, terrasse, ...) d'une surface plane capable de servir de "mini-héliport."

Directement du dealer au consommateur

Ironiquement, ce n'est quoi qu'il en soit pas Amazon qui pourra revendiquer le titre de premier service de livraison par drone opérationnel. Depuis deux ans, c'est un type de commerce plus "underground" qui s'est emparé de cette technologie, afin de livrer aux détenus des prisons drogue et téléphones portables. Et les progrès sont rapides. Les premières tentatives eurent lieu aux Etats-Unis voici 3 ans, avec peu de succès. Mais les progrès constants des modèles de drones ont accéléré cet usage carcéral et amélioré son efficacité. La police londonienne a intercepté la semaine dernière une tentative de livraison par drone à la prison de Pentonville. L'opérateur du drone, dont le comportement à l'extérieur de la prison avait attiré l'attention, a pris la fuite, abandonnant sur place le drone et deux sacs contenant drogue et mobilophones. Il n'en était manifestement pas à son coup d'essai. En Belgique, une première tentative - infructueuse - a été identifiée en mai dernier à la prison d'Andenne. Et sur tout le continent, les forces de l'ordre cherchent à mettre au point une riposte, à l'image des policiers néerlandais qui entraînent des rapaces à l'interception des drones pénétrant dans le périmètre de la prison.  

Photo: Metropolitan Police