Après une période covid plutôt propice aux charcuteries, la catégorie a dû composer avec le retour à la normale, synonyme de ralentissement des ventes, avant de voir arriver la vague inflationniste. Avec quelles conséquences ?

À l’instar des autres catégories et de la société dans son ensemble, les fabricants de charcuteries ont été frappés de plein fouet par l’inflation. Les multiples hausses de coûts qui en ont découlé se sont traduites par une augmentation d’environ 10 % des prix à la consommation au cours des douze derniers mois, nous apprennent notamment les derniers chiffres de NielsenIQ (P09). Comme on pouvait s’y attendre, cette explosion tarifaire a pesé sur les ventes de la catégorie, qui ont reculé d’un peu plus d’un pourcent. “Le marché de la charcuterie présente une dynamique comparable à celle du secteur FMCG dans son ensemble”, résume Sophie Grandclaude, directrice du développement commercial et marketing d’enseigne chez Herta. “C’est une catégorie qui a été impactée en volume par l’inflation comme l’ensemble des FMCG. La pression budgétaire sur le consommateur a été importante et s’est fait ressentir. Sur la charcuterie, les prix ont en moyenne augmenté de 9,9 % et sur les jambons de 11,1 %. Ceci est à rapprocher du prix des matières premières agricoles puisque le cours du porc a atteint des niveaux record sur cette année 2023, après une année 2022 déjà particulièrement inflationniste. Mais l’ensemble des autres éléments du coût de production ont également été touchés par une très forte augmentation : énergie, transport, emballage, salaires, etc.” Dans ce contexte de pression budgétaire sur les ménages, et afin de soutenir les ventes malgré tout, la promotion s’est par conséquent fortement développée pour rendre accessible les produits de la catégorie, illustre ainsi Sophie Grandclaude. “Sur la période s’étalant entre janvier 2022 et aujourd’hui, les ventes sous promotion sur les segments sur lesquels Herta intervient ont augmenté de 8 %.”

Des habitudes de consommation qui évoluent

Pourtant, Gaëtan Depuydt, sales manager chez le grossiste en produits frais UpFresh, voit également une raison autre que la seule inflation pour expliquer le (léger) déclin des charcuteries. “Certes, les prix des produits carnés ont fortement augmenté en raison de facteurs connus comme l’énergie ou les frais de personnel. Néanmoins, nous ne pensons pas que le prix soit la cause principale de la légère baisse. Celle-ci est plutôt à aller chercher dans la tendance générale du marché en ce qui concerne la consommation de viande. Les consommateurs veulent toujours payer pour un bon morceau de viande, et pour cela ils sont prêts à manger de la viande moins souvent, mais plus qualitative.” Chez Delhaize aussi, on avance l’argument de l’évolution des habitudes de consommation, et notamment la recherche par le consommateur de produits plus sains, en guise d’explication partielle à la perte de vitesse modérée des charcuteries.