Depuis le mois de mai 2019, la start-up bruxelloise Beerfood transforme les drêches de brasserie en crackers. L’idée ? Éviter de gaspiller les résidus issus du brassage. Ces résidus sont souvent jetés, à défaut de pouvoir être réutilisés en guise d’aliment pour le bétail.

« La valorisation des drêches de brasserie est en plein boom », annonce Rodolphe Paternostre. Rémi Taranta, Alan Dartevelle et lui sont les trois cerveaux de cette toute jeune entreprise bruxelloise prénommée Beerfood. Au départ brasseur amateur, Rodolphe Paternostre fut inspiré par une start-up américaine pour lancer son projet durable et savoureux. « Les grandes brasseries ont depuis longtemps l’habitude de faire recycler leurs résidus issus du brassage, autrement dit les drêches (l’orge principalement, mais également le blé et le maïs), pour nourrir le bétail. Or, beaucoup d’autres brasseries plus petites, notamment situées en ville, n’ont pas de solution pour exploitées leurs drêches, qui finissent donc très souvent dans la poubelle. »

« Entre 600 et 800 kilos de crackers vendus depuis mai 2019 »

Différents projets ont été lancés ces dernières années dans le but de réutiliser les drêches de brasserie. Certaines entreprises en ont fait de la farine, d’autres du pain ou une foule d’autres produits. Les trois instigateurs de Beerfood ont tout simplement pensé à transformé des drêches en crackers… pourquoi pas à déguster autour d’une bonne bière ! Ces crackers sont actuellement déclinés en trois couleurs : noir, jaune et rouge. N’est-ce pas un moyen idéal pour promouvoir l’identité belge en déclinant trois crackers aux couleurs du drapeau belge ? « Nous arrivons ainsi autant à attirer les amateurs de bière que les touristes », affirme Rodolphe Paternostre. « Notre slogan, « eat beer », illustre en quelque sorte le surréalisme et l’auto-dérision qui caractérisent la belgitude. » Les couleurs des différents crackers sont apportés par l’oignon fumé (noir), la moutarde et le romarin (jaune) et la betterave et le fenouil (rouge). Depuis mai dernier, date du lancement des crackers de Beerfood, Rodolphe Paternostre estime avoir vendu « entre 600 et 800 kilos. »

« Nous cherchons notamment une distribution dans les magasins en vrac »

Durant le processus de brassage, l’alcool a déjà été rétracté des grains et ceux-ci ne contiennent donc pas de traces d’alcool. « Ce serait toutefois dommage de jeter ces drêches à la poubelle, parce que les drêches ont encore beaucoup de valeur nutritive, ils sont riches en fibres et en minéraux », affirme-t-il. Les crackers de Beerfood sont vendus dans de petits cafés, restaurants et magasins wallons et bruxellois qui s’engagent également dans l’économie circulaire (par exemple Belgomarkt, la Ferme Nos Pilifs ou encore le site de vente en ligne eFarmz), raison pour laquelle les crackers ne sont pas présents dans les rayons des supermarchés. « Nous voulons d’abord séduire des personnes engagées », avance Rodolphe Paternostre. Malgré l’importance de la belgitude dans la stratégie de communication, les crackers ne sont pas disponibles sur le marché flamand. « Nous sommes encore dans une phase de test », avoue le fondateur. « Notre capacité de production est encore assez limitée en ce moment. Il nous faudra encore trouver des distributeurs supplémentaires pour faire passer nos crackers au niveau supérieur. Nous cherchons notamment dans les circuits des magasins en vrac, les épiceries fines, les hôtels et les magasins de bière. »

Tom Roelens