Le président du PS, Paul Magnette, fait parler de lui avec une déclaration pour le moins surprenante : « Il faut que la Belgique devienne un pays sans e-commerce avec de vrais magasins et des villes animées. » De nombreux politiciens et autres parties prenantes réagissent négativement à ces paroles, mais Grete Remen (CEO de Damhert et membre de l’Open VLD), entre autres, le soutient.

Dans un double entretien pour le magazine Humo, avec son collègue de parti Thomas Dermine (secrétaire d'État à la Relance), Paul Magnette a tenu des propos pour le moins surprenants : « Je pense que l'e-commerce n'est pas un progrès, mais une régression sociale et écologique. Pourquoi acceptons-nous de faire travailler des ouvriers de nuit dans des centres de conditionnement ? Parce que les gens veulent acheter 24 heures sur 24 et recevoir leur colis à domicile dans les 24 heures. Ne peut-on vraiment pas attendre deux jours pour un livre ? Si nous sommes dans une transition durable, n'est-il pas dommageable que des milliers de camionnettes circulent chaque jour pour apporter le plus rapidement possible aux gens cinq paires de chaussures, qu’ils peuvent ensuite renvoyer gratuitement ? Quel gaspillage de carton, de carburant et d'énergie ! » Et lorsque qu’on lui pose la question de savoir si la Belgique doit dans ce cas nager à contre-courant des tendances internationales, Paul Magnette répond : « Pourquoi pas ? Le nouveau prolétariat y travaille, non ? Les préparateurs de commandes et les livreurs sont tellement pressés qu'ils ont à peine le temps de faire une pause pour aller aux toilettes. Si nous n'agissons pas, ils deviendront les malades de longue durée de demain. Le travail de nuit est terriblement mauvais pour la santé. Il faut le limiter aux domaines où c’est strictement nécessaire, comme à la police ou dans les hôpitaux. »

Avec de telles déclarations, le président du PS va à l'encontre du gouvernement fédéral qui souhaite rendre le commerce électronique plus flexible, avec comme objectif principal la possibilité de travailler entre 20h et minuit dans le secteur, avec l’accord d’un syndicat. Un schéma déjà élaboré sous le gouvernement Michel en 2017, mais resté en suspens depuis. Pour parvenir à un tel accord, les partenaires sociaux attendent encore aujourd'hui une proposition sur l'assouplissement du commerce électronique. La déclaration de Paul Magnette n'est soutenue par aucun autre parti politique, pas même par Vooruit et Groen du côté flamand. Des déclarations qui font cependant naitre de nouvelles tensions au sein du gouvernement fédéral.