L’intelligence artificielle (IA) va avoir un impact de plus en plus important sur l’automatisation de nombreuses tâches. Elle n’est donc pas sans conséquence sur les managers. Des techniques de management aux soft skills, les managers, eux-aussi, vont devoir s’adapter. Le point avec Christian du Jardin, CEO de Kera Way Consulting, coach de dirigeants et passionné par l’IA.

De nouvelles compétences à développer

Pour bien fonctionner demain dans un monde avec où l’IA sera de plus en plus présente, les managers vont devoir évoluer et développer de nouvelles compétences. « La nécessité de développer de nouvelles capacités a été mise en avant dans une grande étude menée par Accenture auprès de 1.700 managers », explique Christian du Jardin. En effet, dans un futur plus ou moins proche, entre 30 à 50% des tâches actuellement effectuées par les managers pourront être déléguées à des programmes d’IA. Citons, par exemple, l’analyse et le reporting. « L’IA qui arrive va transformer en profondeur les organisations, le fonctionnement des équipes, les business process… Les managers devront donc mettre leur valeur ajoutée ailleurs, en particulier dans l‘accompagnement du changement », ajoute notre expert tout en précisant que, d’après l’étude, les managers ne sont pas encore conscients des changements qu’il leur faudra accomplir. Pour lui, le déclic aura lieu quand les managers se rendront compte de l’ampleur des transformations qui arrivent et du fait qu’ils ne pourront pas les gérer seuls. 

L’intelligence émotionnelle et la créativité au centre de la transformation digitale

Les nouvelles compétences à développer portent notamment sur les interactions sociales, l’empathie et la créativité. « En bref, tout ce qui touche à l’intelligence émotionnelle et dont la nécessité est reconnue. Ainsi, Daniel Goleman* disait déjà, il y a de nombreuses années, que les managers qui connaissent le succès dans leur métier sont ceux qui ont travaillé sur leurs aptitudes émotionnelles », illustre-t-il.

 

 

Selon Christian du Jardin, pour développer son intelligence émotionnelle, il faut travailler sur la conscience de soi-même et des autres, la maîtrise de soi et les relations avec les autres. « La gestion des équipes est particulièrement importante car, quand on parle d’accompagnement du changement, ce sont les personnes qui feront la différence. Tant que les employés ne décideront pas d’être acteurs du changement, il ne pourra pas bien se passer. Le manager en charge de la transformation digitale devra être capable de fédérer ses équipes et ses ressources autour d’un projet inspirant qui a du sens. Il faudra apaiser des craintes et peut-être faire le deuil d’un passé connu et confortable. Pour tout cela, une bonne intelligence émotionnelle est indispensable », avance-t-il.

La créativité est un autre point sur lequel les managers devront travailler car elle aussi les différentiera des algorithmes d’IA. « Contrairement aux idées reçues, la créativité n’est pas une compétence innée, que l’on a ou pas. Comme toute compétence, elle s’apprend. Dans ce cadre, la créativité n’est pas seulement entendue dans le but de produire en masse des idées nouvelles. On parle ici de créativité utile, appliquée et connectée à la cible pour une création de valeur durable. Le processus de ‘design thinking’ de la d.school de Stanford fait autorité en matière de gestion de l’innovation dans le domaine de l’IA parce qu’il place l’empathie avec le client, externe ou interne, ainsi que la multidisciplinarité de l’équipe projet au centre de la démarche. »

Le manager, gardien de l’éthique

Christian du Jardin est persuadé que les managers s’apprêtent à vivre des temps héroïques. « L’IA va bousculer l’équilibre en vigueur. Le manager doit en être conscient pour lui-même, pour son équipe et pour son organisation. »

Selon lui, un autre défi que le manager aura à relever sera d’être le gardien de la bonne utilisation de l’IA. Il devra être dans la clairvoyance de ce qui se passe et veiller à une utilisation licite, éthique et robuste de l’IA. « Sa plus grande liberté sera de choisir la réponse qu’il va donner aux bouleversements à venir. L’IA est là et ne va pas s’en aller, le passé ne reviendra pas et le futur reste à écrire. Les managers qui seront performants dans la durée seront ceux qui auront réussi à s’adapter et à développer des capacités qui les rendent incontournables dans la gestion de la transformation digitale. Cela va donc beaucoup plus loin que des compétences uniquement technologiques ».

* Daniel Goleman:  L'intelligence émotionnelle – Bantam Books 1995 et Intégrale Poche – 22 octobre 2014

Gondola People

Cet article est tiré de notre site Gondola People. A la recherche d'un nouvel emploi ou d'une nouvelle recrue ?

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