Malgré les lourdes pertes de l’enseigne, c’est l’optimisme prévaut au moment d’inaugurer du quatrième Cru. « Nous ne serions pas là si le groupe Colruyt n’y croyait pas. »

Le dernier Cru se trouve sur la Chaussée de Ninove à Dilbeek, une route à quatre voies très fréquentée de la périphérie de Bruxelles. « C’est très différent de Gand ou d’Anvers où nous sommes implantés en plein centre-ville, mais c’est un endroit que nous avions à l’œil depuis longtemps », déclare Jo Spiegeleer, business unit manager de Cru. « Nous nous installons sur le site de Eylenbosch, une ancienne brasserie de gueuze et de lambic qui a été rénovée par un promoteur immobilier. Vu le passage ici, nous nous attendons à un public très diversifié. Nous avons les riverains – de nouveaux appartements ont été construits sur le site –, mais nous savons aussi que certains clients n’hésitent pas à parcourir 20 à 30 kilomètres pour venir chez Cru. C’est donc un emplacement très favorable. Et si nous ouvrons avec dix-huit mois de retard, c’est parce que nous étions dépendants du développement du reste du site, qui s’est un peu fait attendre. Mais fondamentalement, rien n’a changé dans le concept du magasin. Comme toujours, nous proposons dix métiers en mettant l’accent sur le frais, la qualité et les produits de saison. En revanche, il n’y a plus de système de self-scanning. Les clients devront scanner leurs produits à la caisse. Et par rapport au Cru de la Groenplaats à Anvers, nous avons à nouveau opté pour plus de bois.

Préférez-vous les emplacements de ce type aux magasins situés en plein centre-ville ?

Non, ce sont juste des lieux différents. C’est un endroit dont nous étions tombés amoureux il y a un certain temps, que nous envisagions depuis les tout débuts de Cru. Nous avons toujours différents types d’endroits où nous pensons pouvoir installer un Cru. 

Vous vouliez ouvrir 15 à 18 magasins. Est-ce toujours l’objectif ?

Nous ne voulons pas nous fixer sur un chiffre. Il peut y en avoir dix ou douze, mais aussi quinze. Quand nous avons lancé Cru en 2014, nous espérions ouvrir des supermarchés plus rapidement, mais nous ne sommes pas toujours maîtres du timing et ce site en est une nouvelle démonstration. Nous ne nous imposons aucun rythme particulier. 

Cru subit de lourdes pertes. Comment comptez-vous renverser la situation ?

Dans un premier temps, nous devons accroître notre chiffre d’affaires, ce que nous pouvons faire ici. Nous pourrons ainsi réduire les pertes. Il est toujours possible de différer une inauguration si la conjoncture est compliquée, mais dans ce cas, vous ne contribuez pas non plus à la rentabilité de Cru. Nous avons donc décidé d’ouvrir dans ces conditions plus difficiles. C’est la preuve que nous voulons continuer à travailler sur cette rentabilité.

Cru est-il viable ?

J’en suis convaincu. Mais cela prendra du temps. Il faut examiner ce qui est nécessaire pour faire tourner l’activité commerce, mais aussi analyser les activités connexes qui exigent des investissements supplémentaires, comme le système de self-scanning que nous avons modifié. Le groupe Colruyt reste confiant.

Les circonstances ne jouent pas en votre faveur. Les consommateurs font plus que jamais attention à la dépense.

Ce sont les circonstances actuelles : personne ne sait si elles sont temporaires ou vont se prolonger. Nous accueillons toujours des clients. Même si leur pouvoir d’achat se réduit, les consommateurs veulent toujours se faire plaisir de temps en temps. Par exemple, je ne bois pas du vin toutes les semaines, mais quand j’ouvre une bouteille, j’en veux un très bon. Je ne suis pas seul. Les consommateurs apprécient toujours les produits de luxe.

Savez-vous déjà où et quand s’ouvrira le prochain Cru ?

Je ne peux pas répondre à cette question. Nous sommes en train d’étudier des emplacements pour un nouveau supermarché. Ce pourrait être d’ici deux ou trois ans, nous verrons.