Aujourd’hui, l’eau pétillante commercialisée sous la marque Boni (Colruyt) est puisée et embouteillée en France. Il semblerait toutefois que l’enseigne Colruyt, dans un souci d’approvisionnement en circuit court, souhaite changer ses plans à moyen terme, ce qui n'est pas sans créer la polémique. 

L’idée de Colruyt serait en effet de puiser de l’eau en Ardenne, plus précisément à Stoumont, en Province de Liège. Tout est venu au départ d’une demande de permis d’environnement, permis indispensable effectuer des tests d’eau. La société qui a demandé le permis en question est Vlevico, société active dans la partie "viandes" pour Colruyt, qui fournit notamment les boucheries du groupe. Cette société s’est toutefois récemment lancée dans d’autres activités, dont le traitement des eaux. C'est dans ce cadre que la société a demandé un permis, plus précisément en vue de réaliser des essais de pompage sur deux puits situés sur une parcelle d'un hectare dans le hameau de La Platte, à Stoumont. La société est propriétaire du terrain et les deux puits existent déjà depuis une vingtaine d’années.

« Le projet de Colruyt risque de polluer notre eau », se plaint Spadel

A priori, rien n’empêche donc la société Vlevico d’exploiter les eaux, si ce n'est un petit problème de concurrence. Le terrain dont Colruyt est propriétaire se situe dans un périmètre de protection, à mois d’un kilomètre de points de captage d'eau communaux, qui desservent plusieurs villages, et surtout à un kilomètre et demi d’un point de captage de la société Spadel, qui puise l'eau pour sa marque Bru. La société Spadel a d’ailleurs réagi de manière assez négative dans les médias par rapport au projet de Colruyt. "Le terrain de Colruyt est vraiment proche de notre terrain. En conséquence, ce projet risque de polluer notre eau et d'assécher nos puits. Nous ne pouvons pas accepter cela", a déclaré la direction de Spadel par voie de presse. Cette phase test opérée par Colruyt serait justement de voir si cela ne perturbe pas l’approvisionnement des habitants et de l’industrie locale mais des expériences de forage dans cette région ont déjà prouvé qu'un assèchement, voire une pollution, serait possible. Si tel est le cas, l'eau Bru pourrait perdre son statut d "eau minérale naturellement pétillante". 

« Nous avions consulté Spadel en toute transparence », dit-on chez Colruyt

Colruyt ne dément pas cette étude mais ne souhaite pas se prononcer ni éveiller de vives polémiques. « Notre département R&D&I est constamment à la recherche de solutions nouvelles et innovantes", explique Nathalie Roisin, porte-parole de Colruyt. "L’eau en fait partie, et nous sommes déjà actifs dans divers projets liés à l’eau, par exemple dans la purification des eaux usées de notre transformation de la viande Fine Food Meat. Le projet d’innovation à Stoumont fait également partie de cette activité R&D. Nous voulons travailler discrètement à une étude de faisabilité sur l’extraction de l’eau dans la région. Nous n’allons pas nous prononcer sur l’avenir maintenant car nous voulons d’abord attendre les résultats de cette étude, qui prendra deux ans. Nous communiquerons ensuite à ce sujet au moment opportun. Nous avons étudié ce projet de manière très approfondie et sommes assistés dans cette tâche par des experts et un bureau d'études. Tout au long du processus de préparation, nous avons consulté Spadel en toute transparence, et nous sommes donc surpris de leur réaction dans les différents médias."