L'autorité américaine de surveillance de la concurrence poursuit Amazon en justice. Elle affirme que l'entreprise est si puissante que les consommateurs sont désavantagés et que les concurrents n'ont aucune chance.

La Federal Trade Commission (FTC), le gendarme américain de la concurrence, s'attaque à la plus grande entreprise de commerce électronique au monde. Avec 17 États américains, la commission a déposé une plainte contre Amazon devant le tribunal de Seattle. Dans leur plainte, ils affirment qu'Amazon a une mainmise sur le marché en ligne, en demandant par exemple à ce que les vendeurs tiers ne proposent pas leurs produits moins chers ailleurs. S'ils le font, ils reculent dans les résultats de recherche. Selon la plainte, les vendeurs seraient également contraints de demander à Amazon de s'occuper de l'emballage, de la manutention et parfois de l'expédition d'un produit, moyennant une redevance. L'un des éléments clés de la plainte est qu'Amazon joue deux rôles à la fois : il vend des produits aux consommateurs et offre des services aux vendeurs tiers. Un demi-million d'entreprises utilisent ces services, mais perdent jusqu'à la moitié de leurs ventes en commissions et autres frais au profit d'Amazon. 

Pratiques illégales

La présidente de l'organisme de surveillance, Lina Khan, n’est pas à sa première rencontre avec Amazon : elle avait déjà effectué des travaux universitaires sur la position d'Amazon sur le marché. Selon elle, l'essor de l'internet a donné à la monopolisation une toute nouvelle dimension, là où les règles de concurrence existantes ne sont pas adaptées au contexte numérique actuel. Jusqu'à présent, elle n'a pas de bons antécédents en matière de poursuites judiciaires contre les géants du numérique. Elle a déjà perdu des procès contre Microsoft et Meta. Dans sa plainte, la FTC ne se prononce pas sur comment la position d'Amazon en tant que monopoleur présumé peut être renversée. Cela pourrait se faire en scindant l'entreprise, mais il n'en est pas fait mention. La demande adressée au tribunal consiste uniquement à mettre fin aux pratiques illégales. Il appartient au tribunal d'indiquer comment cela doit se faire exactement.

Amazon : "Le nombre de partenaires tiers augmente".

Dans sa réponse, Amazon affirme que les consommateurs et les entreprises seront moins bien lotis si l'organisme de surveillance obtient gain de cause. L'entreprise reconnaît qu'elle ne souhaite pas que des produits soient proposés à un prix inférieur ailleurs, mais elle ajoute que c'est ainsi que fonctionne la concurrence. Amazon conteste également que ses services soient préjudiciables aux partenaires tiers. Ainsi, ce que la FTC et Khan considèrent comme une preuve de la toute-puissance d'Amazon, l'entreprise elle-même y voit la confirmation de la réussite de son modèle d'affaires : le nombre de partenaires tiers ne cesse de croître.