Cinq magasins bruxellois du réseau Mestdagh, désormais exploités sous enseigne Intermarché by Mestdagh, ont gardé leurs portes closes ce matin. Ce qui est en cause, selon le syndicat CNE, c'est entre autres le travail de surcollage des produits Intermarché avec des étiquettes bilingues. Mais le changement de modèle ne passe toujours pas, pour les syndicats.

Les 5 magasins bruxellois de Mestdagh situés à Uccle, Forest, Schaerbeek, Molenbeek et Jette ont débrayé ce matin pour manifester leur grogne. De façon globale, on sait que les syndicats n'aiment pas du tout l'évolution programmée pour l'entreprise Mestdagh s.a. par son nouveau propriétaire, Intermarché. Progressivement, les Mousquetaires entendent aligner les 86 magasins acquis sur le modèle d'Intermarché, qui repose exclusivement sur des exploitants indépendants. Tout au plus la CNE concède-t-elle dans son communiqué que le plan de transfert garantirait au personnel de ces magasins intégrés la majeure partie de leurs conditions de travail : "Jusque-là, pour le commun des mortels, cela ne semble pas un problème en soi ! L’emploi semble maintenu au même 'tarif', et c’est même une opportunité pour les clients qui se sont pressés depuis le 4 janvier pour profiter des réductions sur les produits Carrefour, puisqu’au 15 janvier, ils ne pouvaient plus être vendus dans ces magasins."

Ce que reproche concrètement le syndicat à l'entreprise, ce sont des problèmes d'organisation : files aux caisses, problèmes d'effectifs et de ruptures, recours excessif aux intérimaires et étudiants… Et dans le cas des magasins bruxellois, la grogne concerne une tâche précise : le surcollage des produits Intermarché avec des étiquettes bilingues. Jusqu'ici, le problème ne se posait pas pour Intermarché, qui avait en Belgique fini par se concentrer sur le seul territoire wallon. Mais en débarquant à Bruxelles et en Flandre via Mestdagh, l'enseigne se voit contrainte de respecter la législation et d'adapter ses packagings en conséquence. Le faire dès le site de production, dans le pôle industriel d'Intermarché ? Cela prendrait du temps, la place est comptée sur l'emballage, et le jeu en vaut-il vraiment la chandelle pour un nombre de magasins si limité ? Autre possibilité : surcoller les produits destinés à ces magasins en centrale. Mais ceci impose d'autres difficultés ou risques logistiques, à commencer par un double picking. C'est donc en magasin même que cette tâche est menée. La CNE reproche à l'enseigne cette surcharge de travail : "Des travailleurs sont amenés à imprimer et coller des étiquettes sur chaque produit marque Intermarché, de manière individuelle, et dans une organisation de travail chaotique !" Mais elle poursuit paradoxalement en contestant aussi l'initiative prise par l'entreprise de confier cette tâche à des équipes externes :  "De plus, la nouvelle direction a décidé, sans concertation, d’utiliser des travailleurs d’une firme externe, sans formation et temporairement, alors que ce travail restera récurrent tant que d’autres solutions ne seront pas trouvées ! "

Dans son communiqué, la CNE indique qu'un bureau de conciliation se tiendra ce mercredi à 14h. Et elle revient sur ce qui forme vraisemblablement son véritable souhait : maintenir le parc Mestdagh actuel sous modèle intégré, avec les règles de concertation sociale qui y correspondent. Ce qui est impensable pour Intermarché, qui forme un des plus purs modèles de commerce reposant sur les indépendants.