La guerre des prix: on l'attend, on la redoute ou on en profite suivant les cas. Mais on en parle assurément, au moment où Delhaize lance une nouvelle offensive sur 100 produits (boissons rafraîchissantes et baby food surtout), après avoir déjà baissé les tarifs de 300 produits en droguerie et cosmétique le mois dernier. Sans surprise, Colruyt observera chaque mouvement attentivement, afin de maintenir l'avantage qu'il tient à tout prix à maintenir. Et Carrefour n'est pas non plus inactif. Dans de récentes interviews au Tijd et à L'Echo, Gérard Lavinay expliquait sa volonté de se situer sous la barre des prix de Delhaize, et de réduire de 50% le gap avec Colruyt. L'effort de Carrefour serait même plus marqué sur les 500 produits les plus demandés, où l'ambition est de faire jeu égal avec Colruyt.

N'est-il pas prématuré de parler de véritable guerre des prix? Il est certain que la concurrence est vive pour afficher une image-prix compétitive, permettant à chaque enseigne de rester dans le marché, au moment où le consommateur fait des arbitrages budgétaires. Mais l'exercice suppose une fameuse dose d'équilibre. Baisser uniformément et aveuglement les prix de l'assortiment suppose une grande efficacité, si l'on souhaite maintenir des marges acceptables. Les échos des négociations commerciales de cette année avaient déjà livré un indice sur ce point: la rumeur les disait particulièrement musclées chez Delhaize.

Pour autant, il n'est pas certain que l'effort de nos distributeurs sur le paramètre prix sera généralisé: les baisse de prix massives dont profiterait le consommateur dans cette hypothèse ne seraient pas nécessairement converties par celui-ci en achats alimentaires plus importants. Au moment où le moindre point de croissance est durement gagné, il est délicat, sauf à vouloir "acheter" de la part de marché, que nos retailers s'engagent tête baissée dans une politique de prix qui ne soit pas prudemment pesée.