Carrefour lancera l'année prochaine un magasin-test où les commandes seront préparées automatiquement. Les clients pourront y retirer leur commandes placées via le canal digital où effectuer leurs achats sur place, en se contentant d'introduire leur liste d'achats et de payer. Une machine se chargera du reste. 

Les clients aimant faire des courses rapides, tout en n'ayant aucune envie de remplir eux-mêmes leur panier, trouveront bientôt chaussure à leur pied dans le nouveau Carrefour Express bruxellois que l'enseigne ouvrira au Marché aux Herbes, à deux pas de la Grand'Place. Si tout se passe comme prévu, Carrefour entend en effet y ouvrir début janvier un magasin où les commandes passées en magasin par les clients y sont automatiquement composées. Les seules tâches qui incombent encore au client sont d'introduire leur commande, en ligne ou sur place en magasin, et de payer. Le distributeur nous a en effet confirmé une nouvelle révélée en primeur par nos confrères du Tijd

Le magasin occupera une surface de 60 m2 et proposera un assortiment d'environ 400 références, comprenant principalement des surgelés, des produits frais et de l'épicerie sèche. C'est en tout cas ce que Baptiste van Outryve, porte-parole de Carrefour, a confirmé à Gondola. Le point de vente sera de surcroît ouvert 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, tirant parti de son implantation en zone touristique.

"L'objectif est d'implanter ce nouveau type de magasin dans des endroits commercialement porteurs selon les études de marché, et sur des axes de passage intensif, mais où nos formats de magasins plus grands ne trouvent pas leur place. Pensons par exemples aux gares ou aux stations de métro," explique Baptiste van Outryve. "Il ne s'agit bien entendu pas pour autant d'appliquer ce concept à de grandes gares telles que Bruxelles-Midi, où nous disposons déjà d'un Carrefour express, et d'y créer une concurrence inutile. Autrement dit, nous nous focaliserons sur les gares petites et moyennes."

Le mode d'emploi

Les clients disposeront donc dans ce Carrefour Express novateur de deux options. Soit ils commanderont à distance via l'app et retireront leurs produits en magasin dans un casier de consigne. Soit ils pourront utiliser l'un des écrans tactiles présents en magasin pour choisir leurs produits et effectuer leur paiement. Trois automates (un pour l'épicerie sèche, un pour les produits frais, un pour les surgelés) prépareront aussitôt la commande, que le client n'aura plus qu'à recueillir sans avoir à prélever les articles en rayon.

Selon Baptiste van Outryve, ce type de magasin ne doit pas être confondu avec des magasins fonctionnant sans personnel, tels que Amazon Go. "Ce Carrefour Express d'un gene nouveau est un magasin de dépannage, où le contact avec le personnel est moins présent, mais il ne se passe pas de personnel pour autant. Nous avons bel et bien toujours besoin de personnel pour la cuisson du pain ou la réception des marchandises..." Autrement dit, le personnel travaillera en coulisses.

Pas de cannibalisation avec Carrefour Market et Carrefour Express

Baptiste van Outryve souligne aussi que ce concept de Carrefour Express automatisé ne menace ni ne concurrence aucun autre format du Groupe. "Ce nouveau concept ne remplace en aucun cas les magasins Market et Express, et ne remet pas en cause le nombre d'implantation des nouveaux points de vente de ceux-ci qui figurent à l'agenda. Il s'agit plutôt d'un concept complémentaire qui se destine surtout aux clients en recherche de rapidité."

Le commentaire de la rédaction: proximité urbaine et resegmentation

L'annonce de cette ouverture prochaine forme un événement à part entière, compte tenu de la dimension technologique qui sous-tend le concept, et qui rend probablement sa viabilité possible, sur des horaires 24/7. Mais sur le plan marketing aussi, elle confirme une tendance en plein essor. La proximité a le vent en poupe depuis quinze ans, selon des formes différentes. Elle a tout particulièrement trouvé un terrain fertile dans les zones urbaines, où Carrefour Express a eu le premier l'intuition du potentiel ouvert, et a pris quelques longueurs d'avance sur la concurrence. Son réseau est aujourd'hui impressionnant, avec près de 300 points de vente. L'exercice reste toutefois délicat: chaque implantation reste un combat distinct, et l'excellence du concept ne forme pas pour autant une garantie de réussite. "The three most important factors in retail are location, location, and location": le vieil adage du commerce garde toute sa pertinence. En ce sens, le rôle dédié à ce concept de rupture est bigrement intéressant, au-delà même de la couche technologique qu'il intègre. Les retailers sont occupés à se pencher toujours plus activement sur les opportunités ouvertes dans les centres urbains. Cette année a déjà vu Delitraiteur Eat&Go et Delhaize Fresh Atelier miser sur le Channel Blurring et le Food to Go. Le concept de Delhaize se veut de surcroît également un lieu de retrait des commandes online. Le Carrefour Express automatique qui sera testé à Bruxelles représente un travail de (re)segmentation qui prouve que sur ce terrain urbain, le travail conceptuel se base sur une analyse toujours plus fine du micro-géomarketing local, et de la sociologie spécifique du lieu et des modes de vie des clients qui le fréquentent. Il prouve aussi que la fameuse mise en place d'une offre omnicanal ne cesse de chercher de nouvelles applications pertinentes, de coller aux attentes de la génération des Millenials qui pointe, et qu'elle n'attend pas la menace Amazon pour sortir des sentiers battus. A suivre !

C.S.