De quoi parlait-on dans les couloirs du Sial, édition 2016? Dans un salon aussi ouvertement international, la perspective du Brexit, et des risques que celui-ci fait peser sur les échanges commerciaux de nombreux acteurs agro-alimentaires, était évoqué à voix basse. Le secteur se raccroche provisoirement à l'espoir que des compromis puissent préserver l'essentiel. En attendant, c'est "Wait and see". Voici en tout cas un petit aperçu des choses repérées par nos rédacteurs lors de leur visite à Villepinte.

Belgium, one point

Alleluia ! Nos organismes de promotion régionaux ont enfin compris que, quels que soient les arcanes de leur fonctionnement, lié à la fédéralisation du pays, la marque "Belgium" était pour le commun des visiteurs du salon, bien plus porteuse que "Wallonia" ou "Flanders" (pour Brussels, c'est plus discutable). Résultat: le fronton des stands qu'ils occupent, et où ils accueillent des producteurs de chez nous, n'a plus honte de clairement revendiquer son appartenance à la Belgique.

Après le coup de chapeau, le coup de griffe. Toujours surprenant de vous voir invité, sur un stand sud-américain, à découvrir "toute notre magnifique offre de bières artisanales". Et de constater ensuite que les quelques brasseurs belges qui ont fait le déplacement sont présents avec un petit stand individuel. N'y aurait-il pas mieux à faire? Regrouper toutes les bières spéciales belges sous un pavillon commun qui inviterait plus spectaculairement à la découverte de ce patrimoine commun? Ici aussi, l'union pourrait sans doute faire la force...

 

Superaliments(ticexpialidocious)

Les superaliments - comprenez les aliments aux vertus naturellement bonnes pour la santé - étaient l’une des stars incontestables de cette édition 2016 du SIAL. Quinoa, kale, chia, algues, mate, et on en passe, sont aujourd’hui préparés à toutes les sauces et pour tous les goûts.

Quand le halal sort des sentiers battus

L’une des belles surprises de cette édition 2016 fut Happylal Baby, une gamme de repas halal pour enfants qui se distingue à plus d’un titre. Pour les parents musulmans, offrir aux enfants des repas halal n’est en effet pas toujours une mince affaire. C’est en observant ses amis préparer quotidiennement des plats Halal à leurs enfants que Julie Le Roy découvre un marché jusque-là peu ou pas exploité. De là est née la gamme de repas Halal pour enfants (à partir de 12 mois) Happylal Baby : cinq recettes de qualité élaborées à partir d’ingrédients 100% naturels (dont près de 80% de légumes ou féculents bio) et cuisinées en France. Si ce produit répond à une demande précise, il casse également et délibérément les codes – ou clichés - en misant sur un emballage non seulement pratique et nomade (Doypack), mais aussi résolument moderne et attractif. Un double défi qui s’est vu récompensé, le 21 juin 2016, par la région Paris-Ile-de-France. Le Prix "Prêt à manger, praticité, design" a en effet été attribué aux produits Happylal Baby dans le cadre du Concours de l'innovation alimentaire, organisé par le Centre Régional de Valorisation et d'Innovation Agricole et Alimentaire de Paris-Ile-de-France.

 

L’enfant roi

A l’instar d’Happylal, une flopée d’innovations spécialement développées pour nos chérubins ont été présentées cette année, avec pour leitmotiv la santé et la qualité. A l’image de Comme des Papas et de ses Petits Pots pour bébés, une gamme de purées fraîches pour bébés joliment présentées dans des pots en verre. Elaborées à partir d’ingrédients biologiques locaux, ces purées ne contiennent ni conservateur, ni additif. Egalement produites à partir d’ingrédients bios, les Petites Barres aux Fruits et aux Céréales de Yooji sont cuisinées en France et destinées aux bébés dès 10 mois. Et pour les plus grands enfants, Dairy Concepts Ireland présentait Fruchee, des snacks laitiers dans des emballages nomade ne nécessitant pas de cuillère. Ceux-ci misent sur un apport en calcium et vitamine D.

Vegan

Parmi les nombreux produits vegan que nous avons pu découvrir au SIAL cette année, deux ont attiré notre attention. Le premier est Végé Snack de A.B. Technologies Alimentaires. Pourquoi? Parce qu’il ne prétend pas être ce qu’il n’est pas. Les préparations à base de légumes sont certes coupées en tranches comme peut l’être le fromage, mais contrairement à de nombreux produits vegan, elles affichent clairement la couleur! Ainsi, les tranches de carottes sont bien oranges et les tranches de brocolis sont bien vertes. Le second ? Les Pulled Chunks de Vegini, pour la rapidité avec laquelle la société a bondi sur la tendance du pulled pork pour en délivrer une alternative végétarienne. Et si l’on met en avant le premier produit pour sa transparence, il est tout de même à signaler la ressemblance gustative toujours plus frappante de certains produits vegan avec leurs homologues carnés. Une bonne surprise nous attendait par exemple dans le pavillon international où nous avons pu tester des produits des Taiwanais VegeFarm : petites saucisses de Francfort, saucissons apéritifs et crevettes veggie du producteur ressemblent à s’y méprendre tant au goût qu’au visuel à de véritable saucisses, saucissons ou crevettes…

Free from à tous les étages

S’il y a une tendance qui a aujourd’hui le vent en poupe dans nos supermarchés, c’est bien celle du ‘sans gluten’.  Non pas parce que le nombre de consommateurs intolérants ait considérablement augmenté, mais bien parce qu’ils sont de plus en plus nombreux à opter pour des produits jugés (à tort ou à raison) plus sains pour la santé. C’est donc sans surprise que l’on a retrouvé cette année encore nombre de produits sans gluten ou plus généralement « sans… » sur le salon. Des exemples? Les Wraps biologiques à la noix de coco Nuco Organic Coconut Wraps (Philipines) ne contient ni gluten, ni OGM, ni sel ajouté… Et cerise sur le gâteau, ils sont vegan! On notera aussi la présence de Saitaku avec des feuilles de soja colorées pour des soirées sushi plus fun et elles aussi vegan et garanties sans gluten.

 

Nostalgie

La nostalgie n'est plus tout à fait ce qu'elle était. Et c'est parfois tant mieux. Le bon vieux cliché de la mamie, utilisé à tort et à travers pour revendiquer un esprit de tradition "fait maison", se modernise. Mamie peut-être, mais connectée...

Mélange des genres

Hors catégorie, on a apprécié l’idée des Chiliens de Winebeer de réaliser un vin à la bière, ou une bière au vin, à vous de voir. Si l’on reste sceptiques par rapport à l’intérêt que pourraient lui porter les stricts amateurs de vins et les amateurs de bières, cette boisson semble être tout indiquée aux consommateurs peu avertis à l’une ou à l’autre des catégories. L’idée quoi qu’il en soit y est, et l’accueil qui lui a été réservé au stand semble prometteur.

 

Un packaging qui a du chien

Le chocolatier belge Bruyerre a retenu l'attention du jury de la sélection Sial Innovation 2016 pour sa gamme de chocolats à l'emballage particulièrement original, puisqu'il utilise des reproductions de tableaux du peintre belge Thierry Poncelet, connu pour ses portraits néo-classiques où ce sont des chiens qui tiennent la pose. Une collaboration rendue possible via Marlex, l'agence de gestion de licences basée à Bruxelles. Bruyerre a réussi un gros coup en étant présenté dans le reportage consacré au SIAL par le journal télévisé de TF1. Et de nombreux clients potentiels semblent avoir signalé leur intérêt très concret.  

Transparence ou opacité?

Dans un autre registre, les sardines fumées de Karavela (Lettonie) ont doublement séduit la presse, avec cet emballage en boîtes de conserves qui joue la transparence en mettant en valeur un produit, très convainquant à la dégustation!

La premiumisation est une tendance forte de ces dernières années. La Cave à Viande de Puigrenier propose des viandes maturées durant 21 jours minimum en chambre froide, et présentées dans une caissette en bois. C'est élégant. Mais le consommateur se laissera-t-il tenter par une viande qu’il ne peut voir?

 

Coup de coeur

Il y a des produits qui séduisent par leur recette. Et puis il y a ceux qui emportent l'adhésion par leur démarche. On s'arrête d'abord sur le stand de cette marque colombienne, Selvatica, parce qu'on est frappé par la splendeur de ses packagings, déclinés sur une large gamme de thés, infusions exploitant les vertus de fruits de la forêt amazonienne. Et on découvre aussitôt que Selvatica s'inscrit dans une démarche visant à sauvegarder le fragile écosystème en offrant aux populations indiennes locales des ressources qui les encouragent à en prendre soin. Pour les responsables de ce projet, une initiative plus que courageuse, puisque ces territoires étaient infiltrés par les FARC. "C'est vrai qu'à chaque fois qu'on se rendait sur place, on se demandait si on rentrerait le soir." On leur souhaite que la paix récemment signée facilite leur travail. Et on encourage nos lecteurs à découvrir ce magnifique travail sur le site http://www.selvatica.com.co