Colruyt traverse une période difficile. La part de marché reste à un niveau rassurant de 31% au premier semestre, mais les bénéfices sont en forte baisse. Le groupe de supermarchés doit-il s'inquiéter ? Analyse.

Jef Colruyt reste confiant. Le CEO de Colruyt Group ne se laisse pas facilement déstabiliser. Pas même si son entreprise se retrouve en difficulté au cours de la deuxième année de pandémie. Et pour cause : les résultats semestriels du groupe sont en baisse, mais restent périodiques. Ils arrivent après l'année agricole 2020, au cours de laquelle les ventes des supermarchés ont été stimulées en raison des confinements successifs et de la fermeture du secteur horeca. Il ne serait donc pas judicieux de tirer des conclusions ambitieuses de ces résultats et d’une baisse prévisible du chiffre d'affaires. Le fait que la part de marché se soit stabilisée à 31% devrait d’ailleurs conforter Colruyt dans cette idée.

Une certaine anxiété

Il y a pourtant aussi de quoi s'inquiéter. En effet, on peut s'attendre à une baisse du chiffre d'affaires, mais celle de 32% donne à réfléchir. Les résultats semestriels ne reflètent que la situation à court terme, mais donnent également une vision sur le plus long terme. La situation actuelle sur le marché belge n'est pas très différente de ce qu'elle sera dans les années à venir. La concurrence entre les supermarchés est féroce et cela affecte particulièrement le leader du marché. La pression promotionnelle est de retour après la première année de pandémie, ce qui exerce une forte pression sur les marges du retailer. Albert Heijn, en particulier, est une force motrice dans ce domaine. Et rien n'indique que cette situation va changer à court terme.

Maux de tête

Deux autres facteurs sont également à tenir en compte. D'une part, la hausse des prix des matières premières qui grignotent aussi les marges. D'autre part, le succès grandissant des commerces de proximité, formule dans laquelle le groupe de supermarchés est moins fort. Si la hausse des prix des matières premières est un phénomène temporaire, elle a cependant un impact majeur. Comme pour la pression promotionnelle, la popularité des commerces de proximité ne devrait pas non plus disparaître à court terme. La question est de savoir comment Colruyt Group peut répondre à cette demande. Le groupe détient sa propre chaîne de magasins de proximité OKay, ainsi que le réseau de magasins Spar sous licence. La question est la suivante : sont-ils assez forts pour donner du fil à retordre à la concurrence ? Ces deux chaînes ne bénéficient pas de prix compétitifs, ni de la réputation de Colruyt Meilleurs Prix et vivent aussi actuellement des moments difficiles. Le calme est une vertu pour un CEO. De nombreux chefs d'entreprise se laissent guider par les circonstances, ne gardent pas leur sang-froid ou accentuent les problèmes. Jef Colruyt ne peut néanmoins pas se permettre de ne pas s'intéresser aux causes de la baisse actuelle. Colruyt Group a des inquiétudes et la concurrence ne fera que s'intensifier.