Initiative peu banale que celle prise par Delhaize cette semaine, qui a publié dans les quotidiens belges une demi-page de publicité titrée « Rien à cacher ! », et signée par rien moins que le grand patron du Groupe, Pierre-Olivier Beckers !

Une preuve supplémentaire des risques que pose toute information sur les prix dans le contexte de vive concurrence qui a opposé ces dernières semaines Colruyt et Delhaize, tous deux de surcroît occupés à tenir à l'oeil des hard discounters à la santé plus que retrouvée. Soumis à une pression promotionnelle considérable, le marché - et singulièrement les fabricants - se demandaient où cette surenchère risquait d'aboutir. Après le dernier - et coûteux, précisent les marques - coup d'éclat de Colruyt, installant jusqu'en fin d'année un système de ristourne de 3% sur 500 produits, on avait toutefois l'impression qu'une certaine détente s'installait et qu'une véritable guerre des prix n'était pas en train de naître.

L'information suivant laquelle Delhaize relevait les prix d'une série d'articles n'est pas en soi une révélation. Pour les observateurs familiers du retail, il s'agit d'ajustements normaux, et soigneusement ciblés. Et sur lesquels les enseignes, très logiquement, communiquent bien plus discrètement que sur les vagues de baisse annoncées à grands cris pour renforcer leur image-prix. Dans ce contexte, toute parcelle d'information relative à des hausses de prix tombe bien mal, quand bien même elle n'aurait rien d'extraordinaire. Le simple fait que ce soit le patron du Groupe Delhaize qui paie de sa personne pour replacer l'information dans son contexte montre qu'à l'évidence, le marché reste manifestement nerveux. Et si ce n'est pas encore la guerre à outrance, le semblant de cessez-le-feu que l'on pensait observer reste une trêve armée...