Vous n'avez pas encore beaucoup entendu la voix des syndicats, dans ce contexte de coronavirus ? N'allez pas croire qu'ils soient inattentifs et inactifs en coulisses, et Myriam Delmée, Présidente du SETCa au niveau fédéral, s'exprime après avoir confronté les positions syndicales à celles de Comeos.

La première préoccupation est celle de la sécurité et des conditions de travail du personnel : "Les mesures de sécurité ne sont pas suffisantes. Nous souhaitions un aménagement des horaires, moins étendus, pour permettre aux travailleurs de souffler. Ceci devrait signifier notamment la fin temporaire des ouvertures du dimanche, celle aussi des ouvertures sept jours sur sept en zones touristiques : comment le justifier quand il n'y a plus un seul touriste en vue ? Nous sommes aussi en faveur de périodes de réassort en magasin fermé, sans présence de clientèle. Aldi l'a temporairement pratiqué entre 12 et 14 heures, et c'était une bonne solution. Mais Comeos ne veut pas entendre parler de la moindre restriction. Quant au gouvernement, il est au contraire toujours dans la logique d'un élargissement horaire, parce qu'il permettrait de diluer la densité de clients simultanément présents au mètre carré. La réalité qui remonte aujourd'hui du terrain, c'est que dans cette période de confinement, il y a pourtant des heures, en particulier le soir, où bien des magasins sont très peu fréquentés."

Autre thème, celui des primes ou gratifications proposées aux salariés prestant en magasin en période de coronavirus. "On n'est pas du tout dans une situation à la française, où plusieurs distributeurs vont verser une prime. L'absence d'une mesure de défiscalisation telle qu'en France est un peu la bonne excuse pour que chaque distributeur s'empresse de faire sa propre tambouille, souvent sous forme de ristournes plus importantes que d'ordinaire, de l'ordre de 25% et avec des montants plafonnés, sur les achats faits en magasin par les collaborateurs eux-mêmes. C'est ce que mettent en place des chaînes comme Delhaize ou Lidl. Nous étions davantage en faveur de jours de congé supplémentaires accumulés par semaines prestées en période coronavirus (1 par semaine). Nous sommes bel et bien parvenus à un accord de ce type avec Carrefour."

"Enfin, il y a le cas du non-alimentaire, et du chômage pour force majeure, où les employeurs ne veulent pas intervenir. On encourage ce personnel de la Commission paritaire 311 à aller prester dans l'alimentaire. Mais il n'y a pour lui aucun incitant à le faire. Et on oublie un peu vite qu'avec le congé de Pâques, même les garderies scolaires seront fermées, ce qui posera d'évidents problèmes."

Qu'en est-il alors des discussions ? "Du côté de Comeos, il n'y a pas d'accord, et on nous renvoie vers chaque distributeur. Mais une chose est certaine :  nous ne négocions pas de bons d'achats, c'est exclu."