Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, a présenté son plan stratégique “Carrefour 2026” . Les ambitions commerciales affichées ne font pas renoncer aux ambitions environnementales et sociales : plus que jamais, Carrefour entend être le commerçant leader de la transition alimentaire.

Mais ceci se conjugue à des mouvements sur le prix et l’image-prix, un élément critique par les temps qui courent. D’abord, Carrefour met le pied au plancher sur la MDD : la marque propre s’attribue une part de marché de 33% dans les enseignes du groupe en 2022 (elle ne pesait que 25% en 2018), elle doit en représenter 40% en 2026. Pour Carrefour, l’inventeur des MDD dans les années ‘70, ce n’est pas seulement un retour aux sources, c’est un virage stratégique considérable. Le communiqué le précise : toute l’ offre alimentaire va être adaptée et simplifiée. Les assortiments seront repensés en s’appuyant sur la data, en cherchant à favoriser “la visibilité et la  disponibilité accrue de la marque Carrefour et des premiers prix. (...) Cela s’accompagne d’une réduction de 20% des assortiments permettant d’améliorer la lisibilité des rayons, massifier les achats, et simplifier les opérations.”

Le mouvement touche aussi l’offre non-alimentaire, que Carrefour souhaite plus massifiée et plus lisible. La part de produits à marque propre, pour l’assortiment permanent, devrait passer de 32% aujourd’hui à 50% en 2026. Les assortiments eux-mêmes seraient réduits de 40% sur le permanent, et l’accent davantage posé sur les animations saisonnières et les “ In & Out”. La “zone blitz” a donc encore de beaux jours devant elle… 

Part de MDD accrue, offre simplifiée, assortiment réduit… Carrefour devient-il un discounter ? On n’ira pas jusque là, mais Carrefour rappelle que l’hyper est à sa façon aussi un format discount. Il va accentuer ce langage. Et puis le Groupe entend aussi développer des formats de magasins discounts, sur le modèle de l’enseigne brésilienne Atacadão, un grand succès : 270 points de vente aujourd’hui, elle en comptera 200 de plus dans 4 ans. Mieux : à l’automne 2023, Carrefour annonce le lancement d’Atacadão… en France !

Le volet durable

Carrefour accélère encore ses engagements pour la transition climatique. En 2025, le Groupe entend réduire de 50% le gaspillage alimentaire en magasin (vs. 2016),  valoriser 100% des déchets en magasin, atteindre 100% d’emballages MDD réutilisables, recyclables ou compostables. En France, 80% des folders seraient digitalisés en 2024. Carrefour s’est doté dès 2020 d’une trajectoire 1,5°C pour ses émissions directe, il invite aujourd’hui ses grands fournisseurs (Top 100) à se doter eux aussi d’une trajectoire 1,5°C d’ici 2026, et il s’engage à les déréférencer s’ils ne respectent pas cette condition…  Le groupe compte aussi consacrer 8 milliards d’euros à l’agriculture durable via des produits certifiés.

Mutualisation des achats

Pas de plan stratégique sans maîtrise des coûts. “ A chaque fois que cela est possible, Carrefour s’inspirera des meilleures pratiques développées par ses franchisés”, déclare le groupe, qui dit vouloir “ renforcer le dialogue, les services et la qualité d’assistance aux franchisés, dont le poids est en progression constante.”  Plus de 90% des prochaines ouvertures de magasins en Europe se feront en franchise.

Carrefour met en place une mutualisation de l’offre et des achats à l’échelle européenne pour atteindre à horizon 2026 plus de 50% en FMCG, via la création d’Eureca, sa centrale d’achat européenne à destination des grands fournisseurs. Une organisation centralisée devrait voir le jour à l’échelle européenne pour également harmoniser 70% du non-alimentaire. Le Groupe compte économiser 4 milliards à l’horizon 2026, avec une organisation simplifiée et plus performante.

Notons aussi que Carrefour crée une joint venture avec Publicis, dont elle détient 51% des parts. Cette nouvelle entité bénéficiera de l’expertise cumulée des deux partenaires dans le domaine du Retail media.