Colruyt est à nouveau touché en bourse : la valeur de l'action a chuté de 10% en seulement deux jours. « Des années difficiles s'annoncent pour les retailers alimentaires, mais surtout pour Colruyt. »

Ce sont les résultats du distributeur britannique Tesco, annoncés hier, qui ont mis la puce à l’oreille. Ce dernier s'est avéré souffrir de l'inflation bien plus que prévu. Tous les retailers alimentaires ont enregistré une chute de leurs actions, mais c’est Colruyt qui souffre un peu plus que les autres de la situation. En deux jours seulement, la valeur boursière a chuté de 10%. « L'action de Colruyt est généralement résistante à l'inflation et aux crises », déclare Michiel Declercq, analyste chez KBC Securities. « Quand le coût de la vie augmente, les consommateurs se tournent vers Colruyt parce qu’il offre des prix plus bas. Mais aujourd'hui, la crise est différente de celle de 2008 puisque les prix des matières premières et de l'énergie explosent. Avec sa stratégie de prix bas, Colruyt est en mesure de répercuter bien moins que d'autres retailers : chez Delhaize, les hausses de prix ont été en moyenne de 4%, chez Colruyt seulement de 2%. La pression sur les marges s'accentue et Albert Heijn Belgique augmente davantage la pression sur les prix. Ahold Delhaize peut se le permettre puisqu'Albert Heijn Belgique ne représente qu’une partie relativement limitée. De plus, Jumbo propose également d’importantes promotions sur certains produits. »

Ce n'est pas la première fois que Colruyt est contraint de subir des baisses boursières ces derniers mois. « Le manque de commerces de proximité et le Covid avaient déjà beaucoup affecté les résultats et ça a récemment de nouveau été le cas. Aujourd’hui, c’est dû à l'inflation et à la réduction du pouvoir d'achat de nombreux consommateurs. Colruyt s'en sort généralement bien dans ces circonstances, mais aujourd’hui d'autres éléments sont également mis en avant. Lorsque le groupe annoncera ses résultats en juin, l'impact de la guerre en Ukraine ne se fera pas encore totalement sentir. Leur année fiscale ne court que jusqu'en mars. La question est de savoir à quoi nous pouvons nous attendre à l'avenir, quand cet impact se reflétera réellement dans les résultats. Les supermarchés devront obligatoirement augmenter leurs prix dans les circonstances actuelles, comme le demandent aujourd'hui les entreprises alimentaires. Il est clair que des années difficiles s'annoncent pour les retailers alimentaires, mais surtout pour Colruyt. »