Pour la première fois depuis 20 ans, une légère diminution des chiffres du bio, tant au niveau de la production que de la consommation, a été observée en Wallonie, rapportent l’Apaq-W et Biowallonie, en marge de la 19e édition de la Semaine bio (1er au 9 juin).

L’Agence wallonne pour la Promotion d’une Agriculture de Qualité (Apaq-W) et la structure d'encadrement B2B du secteur bio au sud du pays Biowallonie - et pour la première fois en collaboration avec l’Office flamand d’Agro-Marketing (VLAM) - ont communiqué mardi les chiffres 2023 relatifs à l’évolution du bio. « Des chiffres en légère baisse, qui témoignent des difficultés rencontrées par les opérateurs et les consommateurs », a notamment expliqué l’Apaq-W dans son communiqué. « Inflation, conflit en Ukraine, baisse de la demande, part grandissante des magasins frontaliers… Le contexte socio-économique a un impact non négligeable sur la volonté des opérateurs et des consommateurs à choisir le bio. »

Production et consommation en baisse

Parmi les chiffres les plus marquants en matière de production, Biowallonie a constaté les légères diminutions du nombre de fermes et de la superficie dédiées au bio : 2.014 fermes en 2023 contre 2.024 en 2022 (- 0,5%) et 92.375 hectares (- 1,2%). En outre, à la fin de l’année dernière, 16% des fermes wallonnes pratiquaient l’agriculture bio, et cette dernière représentait 12,5% de la production agricole globale. En ce qui concerne l’élevage, le bilan est également mitigé, des diminutions ayant été constatées pour les poulets de chair (-12%), les poules pondeuses (-4%), les ovins (-11%), les truies (-27%) et les vaches laitières (-5%). Par contre, les élevages de vaches viandeuses et des porcs engraissés ont gonflé, respectivement de + 5% et + 26%.

Au niveau de la consommation, l’Observatoire de la Consommation de l’Apaq-W a notamment observé une augmentation des dépenses pour des produits bio en Wallonie (457 millions d’euros, + 9,9% par rapport à 2022), ainsi qu’une légère diminution du nombre de consommateurs de produits bio. En 2023, 98,4% des ménages ont déclaré avoir acheté au moins une fois des produits bio, soit 0,3% de moins qu’en 2022. Enfin, notons que les supermarchés sont restés le premier type de commerces où sont achetés les produits bio, même si leur part à diminué : 37,2%, soit - 3,6% comparé à 2022.

« Les dépenses bio en Belgique ont dépassé le milliard d’euros en 2023 »

« En 2023, nous ne pouvons pas parler d’une reprise de la consommation bio », résume Julien Capozziello, de l’Observatoire de la Consommation de l’Apaq-W. « Si les dépenses sont en hausse ainsi que la part de marché, les volumes achetés sont en baisse. Différentes hypothèses telles que l’inflation et la part grandissante des magasins frontaliers peuvent expliquer ce phénomène. Cependant, les tendances sont plus positives pour la Belgique, où la part de marché et les dépenses sont en augmentation. »

« Les dépenses bio en Belgique ont dépassé le milliard d’euros en 2023 », ajoute en effet Luc Van Bellegem, conseiller au sein du VLAM. « Entre juillet 2022 et juin 2023, les dépenses totales en produits biologiques ont augmenté de 13% (21% pour les produits frais), soit plus que les dépenses alimentaires totales des ménages (+ 8%), ce qui a fait passer la part des produits biologiques de 3,4 à 3,5% (et de 4,9 à 5,4% pour les produits frais). Le marché du bio semble rattraper son retard après la stagnation de 2022. Le Wallon dépense encore beaucoup plus par habitant en produits biologiques que le Flamand, mais l’écart se réduit », conclut-il.