La grève spontanée se poursuit dans les supermarchés Delhaize. Ce vendredi, ce sont encore pas moins de 100 points de vente qui sont restés porte close, alors que les syndicats ont été entendus par les ministres wallons réunis en kern dans le courant de la matinée.

Trois jours après l’annonce de Delhaize, qui souhaite convertir l’ensemble de ses 128 supermarchés intégrés en magasins franchisés, la colère est toujours bien vivace dans les rangs du personnel qui sera impacté par cette décision, soit quelque 9.000 personnes. Comme ce fut le cas ces derniers jours, la plupart des supermarchés concernés étaient à nouveau fermés ce vendredi, et il devrait sans doute en être de même ces samedi et lundi, au moins. L’Echo évoque ce matin le chiffre de 100 magasins fermés, et ce alors qu’il n’y a (pour l’instant ?) toujours pas eu de mot d’ordre pour une grève généralisée. En réponse au mouvement de grève très suivi, Delhaize a décidé mercredi de rendre temporairement gratuite la livraison à domicile de courses via son service « delivery ».

« Un tsunami dans le secteur du commerce »

Dans la matinée de ce vendredi, les syndicats ont rencontré les ministres wallons réunis en kern afin de faire un point sur le dossier. « Nous leur avons expliqué la situation, notamment en faisant le lien avec ce qu’il s’est passé, et qui est toujours en train de se passer, pour les travailleurs de Mestdagh/Intermarché », relate Myriam Djegham, secrétaire CNE pour le commerce. « Car selon nous, il s’agit clairement d’un enjeu sectoriel puisque demain, il pourrait y avoir d’autres enseignes qui franchissent ce pas vers la franchise. » La responsable syndicale poursuit en expliquant que les politiques ont écouté et demandé sur quels leviers politiques ils pouvaient agir. « Au-delà de l’écoute, ce dont nous avons surtout besoin, ce sont des actes, de décisions, et qu’un frein réel soit mis face à ce que nous considérons comme un tsunami dans le secteur du commerce. Si aujourd’hui on laisse Intermarché et Delhaize faire ce qu’ils sont en train de faire, alors demain c’est tout le secteur qui va s’engouffrer dans la brèche et tendre vers un modèle où les droits des travailleurs seront encore abaissés », redoute Myriam Djegham, qui ajoute que la création d’une task force qui réunirait les gouvernements régionaux et le fédéral a par ailleurs été évoquée ce vendredi.

Une course d’endurance

Précédemment, une rencontre entre les syndicats et le ministre fédéral de l’Économie Pierre-Yves Dermagne avait déjà été organisée. Jeudi, ce dernier a demandé à Delhaize d’explorer d'autres pistes que le seul passage en franchise de l’ensemble de ses supermarchés intégrés, ainsi que des garanties en matière de maintien de l’emploi et des conditions de travail. La nomination d’un médiateur, afin de clarifier la situation, avait également été évoquée. Enfin, un conseil d'entreprise est d’ores et déjà prévu mardi prochain. « D’ici là, ce devrait être le statu quo, en tout cas au niveau des fermetures de magasins, parce que le personnel est vraiment écœuré et n’accepte pas la décision du groupe », avance Myriam Djegham. « Les différents syndicats ont remis leurs questions à la direction. J’espère que nous obtiendrons des réponses, notamment en ce qui concerne la justification de cette décision alors que l’entreprise ne va pas mal », conclut la secrétaire CNE, qui prévient que ce n’est pas dans un sprint que sont désormais engagés personnel et direction de Delhaise, mais bien une course d’endurance.