Le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) et ses organisations membres de 13 pays ont porté plainte auprès des autorités européennes contre les allégations jugées trompeuses sur la recyclabilité des bouteilles en plastique de grandes marques comme Coca-Cola, Danone ou Nestlé.

« Le BEUC et ses membres ont déposé une plainte auprès de la Commission européenne et du réseau des autorités de protection des consommateurs (CPC), leur demandant d'ouvrir une enquête » concernant les allégations de recyclabilité utilisées par l'industrie des boissons, a fait savoir mardi l’un de ces membres, l'association française Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV). Trois géants du secteur sont cités dans le communiqué : Coca-Cola, via son embouteilleur CHBC, Danone et Nestlé Waters. Selon le BEUC et ses membres, les allégations en question ne sont pas conformes aux règles de l'Union européenne en matière de pratiques commerciales déloyales.

100% recyclable ? 100% recyclé ?

Trois allégations en particulier sont jugées problématiques : « 100% recyclable », « 100% recyclé » et l’utilisation de visuels verts. La première formule est qualifiée de « ambigüe » dans la mesure où elle « dépend de nombreux facteurs tels que les infrastructures de collecte disponibles dans le pays, l'efficacité du processus de tri ou encore l’existence de processus de recyclage appropriés ». La CLCV en profite pour rappeler au passage que le taux de recyclage des bouteilles en plastique PET, sans le bouchon ni l’étiquette, est estimé à seulement 55% dans l'UE. La seconde allégation « laisse à penser que la bouteille est entièrement fabriquée à partir de matériaux recyclés ». Or, l’organisation française souligne que les bouchons ne peuvent pas être fabriqués à partir de matériaux recyclés comme le stipule la législation européenne, que les étiquettes sont encore rarement fabriquées à partir de matériaux recyclés et que l’ajout de plastique vierge dans les bouteilles dites recyclées est une pratique courante dans le secteur. Enfin, le recours à des visuels verts ou des images liées à la nature véhicule « une idée fausse de neutralité environnementale, de circularité sans fin du plastique », dénonce l’association membre du BEUC. « Les autorités nationales compétentes vont maintenant examiner cette alerte en détail et se consulter », a réagi auprès de l’AFP un porte-parole de la Commission européenne, Christian Wigand. Ce dernier précise par ailleurs que les investigations conduites par les instances de protection des consommateurs « sont confidentielles ».

Le recyclage ne suffit pas

Dans un rapport datant de février 2022, l’OCDE pointait que le monde produit aujourd’hui deux fois plus de déchets plastiques qu’il y a 20 ans et qu’ils sont en grande partie mis en décharge, incinérés ou rejetés dans l’environnement. Seuls 9% sont effectivement recyclés. En outre, l'utilisation mondiale de plastiques devrait encore tripler entre 2019 et 2060, passant de 460 millions de tonnes à 1.321 millions de tonnes, et avec à la clé des déchets plastiques qui exploseront de 353 millions de tonnes à 1.014 millions de tonnes. En septembre dernier, la directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Inger Andersen, a par ailleurs souligné que, face à l’ampleur de la pollution plastique, le recyclage ne suffira pas, exhortant ainsi l’ensemble de la filière à en réduire la production.