"Le réseau physique est le socle indispensable", c'est là en substance le contenu de l'entretien accordé par Georges Plassat (CEO Carrefour) au journal français Les Echos. Morceaux choisis. 

Croire en l'Europe

Si de nombreux retailers ont largement parié ces dernières années sur les pays émergents, Georges Plassat dit avoir toujours cru en l'Europe. "Les faits nous ont donné raison" indique le CEO de Carrefour à Les Echos, rappelant que l'enseigne a progressé en France trois années de suite et se porte bien en Belgique, Espagne, Italie, Roumanie et Pologne. "Il y a trois ans, on nous reprochait d'être trop présents en Europe, aujourd'hui le risque viendrait des pays émergents. Il faut éviter de céder au court-termisme, les prévisions deviennent difficiles mais les réactions brutales doivent être évitées".

"N'ubérisons pas tout!"

"Qui rêve d'un monde dans lequel chacun vivrait cloîtré chez lui et commanderait tout depuis ses écrans ?": c'est bien là la question que se pose Georges Plassat, qui soutient que le réseau physique est "le socle indispensable". Mais ce constat n'empêche bien entendu en rien le déploiement pour Carrefour de l'offre omnicanale. "Si nous avons racheté Rue du Commerce, c'est bien pour développer une offre omnicanale", explique Georges Plassat. 

Car si la relation personnelle et directe en magasin sera toujours, selon lui, plus puissante, le CEO soutient qu'avec le digital, les magasins bénéficient aujourd'hui de nouvelles opportunités: "La révolution numérique n'annule donc pas les révolutions précédentes : elle s'y ajoute et les complète".

Georges Plassat met toutefois en garde quant à l'économie du partage: "N'ubérisons pas tout. Il y a des évolutions ou révolutions qui ne créent pas de croissance ni d'emplois. L'économie et la société ont besoin d'entreprises solides qui peuvent investir, créer des emplois durables et s'engager, comme Carrefour, dans une politique de responsabilité sociale et environnementale sincère".

Guerre des prix

"Quand l'agressivité sur les prix fait rage, la compétitivité consiste alors à proposer le prix le plus bas, c'est toute la chaîne qui doit y contribuer. Agir pour baisser les prix à tout-va au nom du pouvoir d'achat, c'est un leurre. Il faut aussi investir et soutenir l'emploi. J'ai souvent exprimé ma conviction que nos filières alimentaires ne pouvaient s'en sortir que par le haut et en créant plus de valeur", indique Georges Plassat, qui rappelle que lorsque Carrefour est parti à la conquête de marchés étrangers, l'enseigne a entrainé dans son sillage des  industriels français.