Durable, pertinente et avec un modèle de rémunération équitable pour chaque maillon de la chaîne. C'est ainsi que la coopérative laitière FrieslandCampina, qui compte plus de 14.000 coopérateurs, résume elle-même ses valeurs. Managing director de FrieslandCampina Belgium depuis neuf mois, David De Wit est déterminé à leur donner plus de poids encore. Il préconise un système qui permet aux agriculteurs d’accroître durabilité et rentabilité. Jens Bultinck, producteur laitier, explique ce que cela signifie en pratique.

Le retail, un véritable partenaire 

Depuis sa prise de fonction, David De Wit s’est efforcé de resserrer les liens avec les retailers. “Nous ne considérons pas le retail comme un modèle transactionnel mais bien collaboratif. Il s’agit de réfléchir ensemble, de partager des idées et de traduire les tendances en concepts rentables.”

Mettre sur pied des partenariats solides et profitables à toutes les parties concernées ne se fait pas du jour au lendemain. Certainement pas dans un système confronté à des problèmes structurels. “Nous sortons d’années difficiles, en raison notamment de la baisse des volumes et du fait que de nombreux consommateurs se sont tournés vers les marques de distributeurs. Si nous sommes à nouveau sur la bonne voie, nous aurions tort de nous reposer sur nos lauriers. J’appelle au dialogue avec l’ensemble de la chaîne de valeur et à la conclusion d’accords à long terme avec les retailers. Nous devons veiller à ce que tout le monde gagne correctement sa vie, en particulier les agriculteurs.”

Le message qu’il adresse aux retailers est clair : “Rassembler les décideurs pour mener des consultations interfonctionnelles. Il ne s’agit pas seulement d’accords commerciaux, mais de pérennisation d’un secteur. Achats, marketing, communication, développement durable… tout doit être abordé dans le dialogue que nous voulons avoir.”

De la compensation carbone au tetrapak

Le mot a déjà été lâché à de nombreuses reprises : durabilité. La production laitière a un impact environnemental relativement important, principalement dû aux émissions de gaz à effet de serre. Quelles initiatives FrieslandCampina prend-t-elle pour réduire son empreinte écologique ? “La durabilité est une priorité. Grâce au programme Foqus planet, nous encourageons et récompensons les producteurs laitiers pour les mesures qu’ils prennent en matière de climat, de biodiversité, de bien-être animal et de pâturage. Les résultats sont mesurés objectivement et récompensés par des primes.”

La coopérative elle-même fournit de nombreux efforts, notamment en matière de logistique et de processus de production. Une importante innovation est imminente. “Nous lançons cette année le tetrapak Campina. Il est plus respectueux de l’environnement et offre davantage de possibilités de communication, car on peut imprimer sur les quatre faces.”

Sur le plan de la communication, Campina entend donner plus de visibilité à ses ‘atouts durables’. Les études montrent que les consommateurs ne sont pas encore suffisamment conscients de l’importance de la durabilité ou qu’ils ne sont pas encore prêts à payer plus cher pour cela. “Au moment d’acheter du lait, ils regardent trois choses : le prix, l’origine belge et le type d’emballage. Nous voulons que la durabilité gagne du terrain. Une bonne communication devrait nous permettre d’atteindre cet objectif, en particulier auprès de l’important groupe cible des jeunes familles.”

FrieslandCampina
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Entre le cœur et la raison

La durabilité coûte plus cher, au consommateur mais surtout au producteur. Producteur laitier Jens Bultinck peut en témoigner. “Avec ma femme et mon beau-père, je dirige une exploitation laitière comptant 120 vaches laitières et 70 jeunes bovins. Nous sommes la cinquième génération. Il ne s’agit pas seulement de fournir un lait de qualité, mais aussi prendre des mesures durables. Nous avons par exemple abandonné le soja au profit de produits résiduels issus de nos propres terres, comme le tourteau de colza.”

“Nous remplissons également les conditions pour le pâturage, même si c’est loin d’être évident. Mon cœur me dit de mettre les bêtes au pré, ma raison de les garder à l’étable.” Pour le pâturage, il dispose d’une pâture de l’autre côté de la route. “Je dois à chaque fois faire traverser les vaches. Cela prend du temps et il faut être au moins deux.”

Il prévoit de les nourrir avec de riches mélanges. “Il s’agit de mélanges de fourrage, de trèfles et d’herbes. Le trèfle améliore le sol et élimine l’azote de l’air. Mais il faut le semer soi-même et là encore, il s’agit d’un travail coûteux et exigeant en termes de main-d’œuvre.”

J’appelle au dialogue avec l’ensemble de la chaîne de valeur et à la conclusion d’accords à long terme avec les retailer.

S’appuyer sur la coopérative 

L’engagement de Jens en faveur de la durabilité est largement motivé par des considérations idéologiques. Mais sans le soutien de la coopérative, il serait impossible. “Les membres ont droit à un paiement comptant, une partie des bénéfices de l’entreprise. L’adhésion me donne la possibilité de devenir plus durable et d’être récompensé pour cela.”

La différence avec les fournisseurs habituels est significative. “Les coopérateurs sont davantage impliqués dans FrieslandCampina et peuvent faire entendre leur voix. Je suis heureux de constater que nous sommes réellement écoutés. Une industrie laitière tournée vers l’avenir passe par la collaboration. En ce sens, David et moi sommes sur la même longueur d’onde.”

Cette collaboration se traduit par des incitations financières concrètes. Grâce au programme Foqus planet, les producteurs laitiers peuvent gagner jusqu’à un maximum de 3,50 euros en plus par 100 kilogrammes de lait pour leurs efforts en matière de durabilité. Ces primes sont financées par FrieslandCampina, les clients et les membres eux-mêmes par le biais d’une contribution coopérative (0,60 euro par 100 kilogrammes de lait) et en fonction des résultats obtenus en matière de climat, de biodiversité et de pâturage. Une compensation bienvenue pour les efforts supplémentaires.

S’en tenir à sa mission 

Les alternatives végétales aux produits laitiers sont en plein essor. FrieslandCampina souhaite-t-elle participer à cette tendance ? “Nous proposons quelques produits sous le label Campina Plant-based mais, en toute honnêteté, nous sommes la marque leader en matière de lait nature. Nous jouissons d’une solide réputation que nous avons bâtie avec les agriculteurs belges. Je pense préférable de nous en tenir à notre mission. À cet égard, notre slogan ‘doing dairy right’ est parfaitement explicite.”

FrieslandCampina
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“Nous répondons aux tendances qui ont du sens, comme la demande croissante d’aliments riches en protéines, avec des innovations comme Cécémel Protein et Campina PowerBowl. Toutefois, les tendances donnent une direction mais ne décident pas de tout. Nous les testons toujours par rapport à nos valeurs et à la valeur ajoutée pour nos clients.”

Cette focalisation sur son core business semble porter ses fruits. Avec le lancement annoncé de Campina tetrapak, l’entreprise se concentre à nouveau sur ses produits de base, mais avec une touche durable qui correspond à l’air du temps. “Avec nos partenaires de la distribution et nos membres, nous construisons un rayon  adapté aux besoins d’aujourd’hui et de demain, avec des produits qui sont bons pour les gens, les animaux et la planète”, conclut David De Wit.