Le rythme d'innovation de Delhaize en Belgique n'est pas assez soutenu. C’est là en substance ce qu’indique le CEO d’Ahold Delhaize à nos confrères de nrc.nl.

Dick Boer, CEO d’Ahold Delhaize a accordé une interview à nrc.nl dans laquelle il aborde la Belgique, Amazon et Lidl. Morceaux choisis…

A propos d’Amazon et de Whole Foods Market…

Depuis la fusion, Dick Boer n’est plus seulement CEO de Ahold, mais bien de Ahold et de Delhaize. Ce faisant, il est aujourd’hui responsable de quelque 370.000 employés dans le monde et d’un chiffre d’affaires de plus de 60 milliards d’euros. Deux tiers de ce chiffre d’affaires est généré aux Etats-Unis.

Alors, qu’a pensé Dick Boer du rachat de Whole Foods par le géant e-commerce Amazon? « La concurrence s’intensifie. On ne peut pas l’empêcher. Cette reprise s’inscrit dans une tendance… D’un côté, les magasins traditionnels tentent une incursion dans l’online. Nous travaillons nous-même là-dessus depuis vingt ans. De l’autre côté, le monde online se rend lui aussi compte qu’il a besoin de vrais magasins » déclare-t-il à Nrc.nl. Le CEO note la difficulté qu’éprouve encore Amazon à livrer des produits frais. Mais avoue jalouser Amazon sur un point: « Nous nous efforçons à mettre en valeur des offres dans des points stratégiques du magasin afin que vous vous darrêtiez et vous disiez ‘ça c’est pour moi’. Evidemment, ils le font intelligemment sur le web en utilisant des algorithmes et l’intelligence artificielle. Ils vous présentent des choses et vous pensez: ‘Holy shit, je n’avais même jamais pensé que j’en avais besoin!’ ».

A propos de Lidl…

Un autre acteur a fait une entrée remarquée aux USA: Lidl. « Walmart est le plus grand discounter au monde et quand ils ouvrent un magasin, personne n’en parle » réagit Dick Boer. L’avantage pour Ahold Delhaize est d’être un groupe Américo-européen et dès lors de connaitre le concept de Lidl. Pour lui, une erreur a été commise: « Nous n’avons pas suffisamment protégé le département frais en Europe. Un département frais offre à un discounter l’image d’un supermarché comme les autres. Nous aurions du les suivre de plus près avec nos prix et dire aux consommateurs ’si vous pouvez trouver ces bananes à ce prix chez un discounter, vous le pouvez aussi chez nous’ ».

A propos de la Belgique…

Les journalistes de Nrc.nl notent l’omniprésence d’Albert Heijn dans le siège social du groupe fusionné. Ainsi, petit détail, on trouve toujours dans le hall d’entrée un point de vente AH To Go. Et si de nouveaux collègues issus de Delhaize ont envahi les murs, le principal changement aura été la peinture verte pomme caractéristique du groupe fusionné.

En Belgique, les performances, bien que stables au troisième trimestre, restent en de-ça de ce qui est observé aux Pays-Bas, et Denis Knoops a cédé sa place de CEO Delhaize à Xavier Pesvaux, qui rapporte désormais au patron d’Albert Heijn, Wouter Kolk

Il faut dire que si Dick Boer se réjouit du travail effectué sur Albert Heijn aux Pays-Bas, il ne se félicite pas de celui effectué sur Delhaize en Belgique… « AH a fait preuve d’une belle remontée au cours des trois dernières années aux Pays-Bas. Nous en sommes très heureux! Nous constatons simplement que les magasins Albert Heijn sont innovants. A l’heure actuelle, c’est important pour un supermarché. Nous devons continuer à surprendre, chaque jour davantage » déclare-t-il. Qu’en est-il alors de Delhaize en Belgique? « Je pense qu’en Belgique, nous manquons encore de réactivité dans l’innovation. Wouter Kolk et son équipe sont à même d’augmenter la puissance d’innovation. Ce qui importe par exemple c’est une collaboration plus étroite avec les fournisseurs. Qu’ils viennent avec de nouvelles idées que vous mettiez rapidement à exécution en rayon ».

Quant à la prise de contrôle des Néerlandais sur l’enseigne belge, Dick Boer rappelle que « naturellement, une fusion a des conséquences. Le siège social est désormais ici. Mais le sujet n’est pas le siège social, mais bien nos magasins. Nous l’avons toujours dit: Delhaize est la marque la plus importante de Belgique.(…) La fusion a bien entendu un côté sentimental. Mais tant le Conseil de Surveillance que le Conseil d’Administration l’ont toujours dit: la fusion est bien plus large que les Pays-Bas et la Belgique. Parce que oui, avec tout le respect dû, quelqu’un chez Stop & Shop ou Food Lion n’a que faire des Pays-Bas ou de la Belgique... »