La direction de Delhaize a formulé une nouvelle proposition de protocole d’accord dans le cadre de son projet de franchisation de ses magasins intégrés. L'ensemble du plan avoisinerait désormais les 35 à 40 millions d'euros en primes diverses. Mais cela demeure toujours insuffisant aux yeux des syndicats qui ont fraîchement accueilli la proposition.

Après plusieurs réunions entre la direction de Delhaize et les syndicats au cours de la semaine dernière, sous l’égide du facilitateur Robert Tollet, « de nouvelles propositions ont été mises sur la table », a indiqué dès vendredi soir le porte-parole du ministre du Travail Pierre-Yves Dermagne à l’agence Belga. « Nous pouvons confirmer qu'au cours de la réunion, qui s'est déroulée dans une atmosphère constructive, une proposition de protocole d'accord a été mise sur la table », a confirmé le porte-parole de Delhaize, Roel Dekelver. « Nous espérons que cette proposition débouchera sur un accord dans le courant de la semaine prochaine. »

Jusqu’à 40 millions d’euros

Le protocole mis sur la table par la chaîne, qui ne compte toujours pas dévier de son projet initial de franchisation de l’ensemble de ses 128 supermarchés intégrés, comprend de nouvelles garanties, primes et autres mesures d’accompagnement, détaillent ce mardi la presse néerlandophone. Ainsi, les membres du personnel qui rejoindront un indépendant franchisé recevront une prime de transition de 1.500 euros, assortie de 125 euros supplémentaires par année travaillée (contre 100 euros auparavant). Avec une ancienneté moyenne atteignant les 18 ans, cela peut donc désormais représenter 3.750 euros. Une autre indemnité unique de 145 euros sera également accordée en contrepartie de la suppression d'une prime sectorielle. Enfin, une prime unique de 10.000 euros sera accordée aux employés qui prennent une retraite anticipée à partir de 62 ans. Environ 800 employés, sur les quelque 9.000 travailleurs impactés par le plan de Delhaize, pourraient en bénéficier. L'ensemble du plan pourrait coûter entre 35 et 40 millions d'euros à l’enseigne au lion, rapporte Het Laatste Nieuws.

« Peanuts »

Cette nouvelle proposition a cependant été fraîchement accueillie par les syndicats. « Peanuts », a rapidement réagi Myriam Delmee, présidente du Setca, auprès de Belga. « Dire que nous n’avons rien serait mentir, mais ce n’est rien de substantiel. On se débarrasse des 62 ans et plus, tout ça pour une prime de 10.000 euros brut. C’est dire aux gens partez et nous, ça ne nous coûte pas trop cher. Cela va permettre de revendre les magasins plus facilement. » La responsable syndicale déplore également le fait que la direction de Delhaize refuse toujours de discuter au sujet des trois points jugés les plus importants aux yeux des représentants des travailleurs : le retrait du plan de franchisation, la mise en place d’un plan social pour les employés qui souhaitent quitter l’entreprise et une représentation syndicale dans les points de vente prochainement franchisés.

« Pour moi, il s’agit d’une mauvaise proposition », a pour sa part déclaré Myriam Djegham, secrétaire nationale de la CNE. « Ce que la direction propose, ce sont des mesures qui l’arrangent, elle, (comme la) prime à l’encouragement à partir à la pension, qui est une manière de se débarrasser des membres du personnel plus âgés et de faciliter ‘la vente’ des magasins. » Concernant les garanties énoncées dans la proposition de protocole d’accord pour le personnel qui sera transféré aux franchisés, Myriam Djegham estime qu’il n’y a rien de solide. « Il y a une frilosité de la direction qui nous démontre que les franchisés vont faire ce qu’ils veulent (…) Ce sera au petit bonheur la chance mais nous, ce que nous voulons, ce sont des certitudes. » Les deux syndicats devaient toutefois encore consulter les délégués du personnel afin qu'ils se positionnent sur la proposition.

Les affiliés Setca et CGSLB votent non

C'était chose faite ce mardi en ce qui concerne le Setca/BBTK, dont les affiliés ont rejeté la proposition formulée par Delhaize. « Les membres estiment que la proposition ne leur offre pas suffisamment de sécurité pour l'avenir », a déclaré Jan De Weghe (BBTK) à la VRT. Du côté du syndicat libéral, les choses ont même été encore plus vite puisque les membres du personnel affiliés à la CGSLB s'étaient prononcés à l'unanimité contre la proposition de la direction dès lundi, a fait savoir Wilson Wellens, secrétaire permanent du syndicat pour le secteur, dans la matinée de ce mardi. Contacté par nos soins, Delhaize n'a pas souhaité réagir à ce stade. « Nous attendons un retour de la part du troisième syndicat avant de formuler une réponse », a simplement déclaré le porte-parole Roel Dekelver. Une réponse de la part des syndicats chrétiens est attendue pour plus tard dans la semaine. À noter que du côté néerlandophone, les réactions syndicales semblaient pourtant, au moins dans un premier temps, moins négatives que celles de leurs homologues francophones. En théorie, la direction de Delhaize n'a besoin de l'approbation que d’un seul syndicat pour mettre en œuvre son plan. Elle pourrait même se passer de toute approbation, mais elle s’exposerait alors sans doute à des actions de protestation encore plus virulentes de la part du personnel.

Par ailleurs, la fin de semaine et le week-end dernier ont à nouveau été émaillés par des nouvelles tensions. D’une part, une centaine d’entrepreneurs indépendants franchisés Delhaize ont dénoncé, dans une lettre adressée à la direction, les conditions des nouveaux contrats de franchise proposés aux repreneurs des magasins intégrés et qui remplaceront progressivement les contrats des franchisés actuels. Et d’autre part, le centre de distribution de Zellik a une fois de plus été bloqué pendant plusieurs heures dans la nuit de vendredi à samedi, tandis que 15 supermarchés n’ont pas ouvert leurs portes samedi matin. Dans la plupart de ces cas, l’intervention d’huissiers a permis un rapide retour à la normale.